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tempérer

vt (tan-pé-ré. La syllabe pé prend un accent grave quand la syllabe qui suit est muette : je tempère, excepté au futur et au conditionnel : je tempérerai)
  • 1Diminuer l'excès d'une qualité physique. Tempérer l'aigre par le doux. La mer tempère dans ces climats l'ardeur de l'air, qui d'ailleurs ne peut jamais être aussi grande que dans l'intérieur ou sur les côtes occidentales de l'Afrique. [Buffon, Histoire naturelle générale et particulière] De son céleste éclat tempérant la lumière, Il se montre couvert d'une armure guerrière. [Delille, Paradis perdu]
  • 2Rafraîchir, en parlant des chaleurs du corps, morbides ou non. Tempérer une ardeur d'entrailles par des tisanes. On le fait baigner pour lui tempérer un peu le sang. Personne n'aura-t-il le pouvoir d'obtenir de vous quelque espèce de soin et de régime pour tempérer un peu ce sang si enragé ? [Sévigné, à Mme de Grignan, 16 sept. 1677]

    Absolument. Hérille, soit qu'il parle, qu'il harangue, ou qu'il écrive, veut citer : il fait dire au Prince des philosophes, que le vin enivre ; et à l'Orateur romain, que l'eau tempère. [La Bruyère, XII]

    On disait de même autrefois : Tempérer l'acrimonie des humeurs.

    Fig. Tempérer sa bile, réprimer sa colère.

  • 3Diminuer l'intensité d'une qualité morale. Elle aimait mieux tempérer la majesté et l'anéantir devant Dieu que de la faire éclater devant les hommes. [Bossuet, Oraisons funèbres] Pendant qu'il [Louis XIV] parle avec tant de force, une douceur surprenante lui ouvre les coeurs, et donne, je ne sais comment, un nouvel éclat à la majesté qu'elle tempère. [Bossuet, ib.] Le feu qui sortait de ses yeux, et la douceur qui tempérait cette vivacité. [Fénelon, Télémaque] Une bonté et une affabilité qui ne se démentait en rien, et par laquelle ils savaient tempérer l'autorité du commandement, et le rendre aimable. [Rollin, Histoire ancienne]
  • 4Calmer, modérer. Le temps a tempéré sa douleur. Les vices entrent dans la composition des vertus, comme les poisons entrent dans la composition des remèdes : la prudence les assemble et les tempère. [La Rochefoucauld, Maximes et Réflexions morales] J'ai quatre-vingts ans passés, vous n'en avez que vingt-cinq ; je vous tempérerai, et vous m'échaufferez. [Retz, Mémoires] En Allemagne, la paix de Nuremberg tempéra les rigueurs du décret de la diète d'Augsbourg. [Bossuet, Histoire des variations des Églises protestantes] Je dois vous représenter.... un homme doux et secourable, qui a su tempérer l'austérité des lois par tous les adoucissements qu'inspirent la miséricorde et la charité. [Fléchier, Oraisons funèbres] L'âge avait fait pour lui ce que la nature avait fait pour d'Alembert : il avait tempéré tous les mouvements de son âme. [Marmontel, Mémoires d'un père pour servir à l'instruction de ses enfants]
  • 5Apporter des tempéraments, des adoucissements, des biais. Il a été fort nécessaire que nos pères aient tempéré les choses par leur prudence. [Pascal, Les provinciales] Nos nouveaux mystiques tâchent de tempérer leurs excès par deux excuses.... [Bossuet, Instructions sur les états d'oraison] S'il faut tempérer la vérité en géométrie, que sera-ce dans les autres matières ? [Fontenelle, Eloge des académiciens] On ne tarde pas d'être infidèle à Dieu, quand on veut tempérer par des égards humains les devoirs d'une vie nouvelle. [Massillon, Avent, Concept.] Rome, de qui nous avons appris notre catéchisme.... a su toujours tempérer les lois selon les temps et les besoins. [Voltaire, Dictionnaire philosophique]
  • 6Se tempérer, vpron Perdre l'excès d'une qualité physique. Les thermomètres, au faubourg Saint-Honoré, marquent 2 ou 3 degrés de froid de plus qu'au faubourg Saint-Marceau, parce que le vent du nord se tempère en passant sur les cheminées de cette grande ville. [Buffon, 7e Ép. nat. Oeuv. t. XII, p. 348]
  • 7Diminuer réciproquement un excès. Par l'excès ou par le défaut d'imagination l'intelligence est très imparfaite ; afin qu'il ne lui manque rien, il faut que l'imagination et l'analyse se tempèrent mutuellement, et se cèdent suivant les circonstances. [Condillac, Trait. des syst. XII]
  • 8S'adoucir, se modérer. Un certain Grec disait à l'empereur Auguste, Comme une instruction utile autant que juste, Que, lorsqu'une aventure en colère nous met, Nous devons avant tout dire notre alphabet, Afin que dans ce temps la bile se tempère. [Molière, L'école des femmes]

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9Gouverner, régir. Dieu tempère le monde, et toutes choses le suivent comme leur guide et comme leur gouverneur. [Malherbe, Lexique, éd. L. Lalanne.]
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