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coup

nm (kou ; le p ne se prononce pas et ne se lie pas : un kou audacieux ; coup se comporte comme loup, où le p ne se lie jamais ; au pluriel, l's se lie : des kou-z audacieux ; Bèze, au XVIe siècle, remarque que le p se prononce au singulier et non au pluriel)

Résumé

  • 1° Impression qu'un corps fait sur un autre en le heurtant.
  • 2° les coups, le combat.
  • 3° blessure, contusion.
  • 4° la décharge d'une arme à feu.
  • 5° atteinte, attaque, blessure morale.
  • 6° son, bruit que rendent certains corps par le choc.
  • 7° action rapide d'un organe, d'un instrument, etc..
  • 8° coup de main, terme de guerre.
  • 9° coup d'oeil.
  • 10° action vive, effet subit de certaines choses.
  • 11° chance favorable ou défavorable, circonstance imprévue.
  • 12° action.
  • 13° coup d'État, coup de théâtre.
  • 14° fois, occasion.
  • 15° coup de vin.
  • 16° terme de jeu, manière de jouer, chance du jeu.
  • 17° tout à coup.
  • 18° À coup.
  • 19° tout d'un coup.
  • 20° coup sur coup.
  • 21° après coup.
  • 22° À tous coups.
  • 23° pour le coup.
  • 24° encore un coup ; proverbes.
  • 1Impression qu'un corps fait sur un autre en le heurtant. Donner un coup de bâton, un coup de fouet, un coup de marteau. Se donner un coup contre un mur, se faire une contusion en se heurtant. Où chacun seul témoin des grands coups qu'il portait.... [Corneille, Le Cid] Je veux ici l'attendre et le rouer de coups. [Scarron, Dom Japhet d'Arménie] C'est un de ces braves de profession, de ces gens qui sont tout coups d'épée, qui ne parlent que d'échiner. [Molière, Le bourgeois gentilhomme] Et les coups de bâton d'un dieu Font honneur à qui les endure. [Molière, L'amphytrion] Il se donna cinq ou six coups de couteau. [Sévigné, 143] Le cheval s'approchant lui donne un coup de pied, Le loup un coup de dent, le boeuf un coup de corne. [La Fontaine, Fables] Il ne leur reste qu'à considérer de quel côté allait tomber ce grand arbre, ébranlé par tant de mains et frappé de tant de coups à sa racine. [Bossuet, Oraisons funèbres] Le Samien m'avait porté un faux coup. [Fénelon, Télémaque] Au premier coup qu'on lui porte, l'idole se renverse. [Fénelon, ib. XI] Ils [les mauvais rois dans le Tartare] sont sous les coups de ces esclaves, devenus leurs tyrans impitoyables. [Fénelon, ib. XVIII] L'onde était écumante sous le coup de rames innombrables. [Fénelon, ib. II] Il en couvrait d'autres de peaux de sangliers et d'ours, et lâchant sur eux ses chiens de chasse, il les faisait déchirer, ou les tuait à coups de flèches. [Rollin, Histoire ancienne]

    Faire le coup de poing, se battre avec le poing fermé.

    Coup de poing, instrument pour percer les tonneaux ; espèce de pistolets fort petits.

    Fig. Rabattre les coups, adoucir, apaiser des gens aigris les uns contre les autres.

    Casser le nez à coups d'encensoir, donner en face des louanges exagérées et grossières.

    Faire d'une pierre deux coups, venir à bout de deux choses par un seul moyen.

    Frapper les grands coups, employer les moyens décisifs.

    Frapper des coups en l'air, perdre sa peine.

    C'est un coup dans l'eau, c'est un coup d'épée dans l'eau, se dit d'une tentative inutile.

    Avoir un coup de hache à la tête, ou, simplement, avoir un coup de hache, un coup de marteau, être un peu fou.

    Terme de manége. Coup de hache, dépression existant au point de jonction de l'encolure avec le garrot. Coup de lance, cavité à la base de l'encolure, à l'épaule, au bras ou à la fesse. Coup de reins, mouvement par lequel le cheval roidit les reins.

    Coup de fouet, coup porté avec un fouet. Le soldat anglais reçoit des coups de fouet. Un coup de fouet vigoureusement assené fit partir le cheval au galop.

    Terme de pathologie. Coup de fouet, rupture de fibres musculaires ou de muscles minces, qui survient à la jambe pendant un effort, et qui fait éprouver au patient une sensation comme s'il recevait un coup de fouet.

    Terme de vétérinaire. Coup de fouet, mouvement brusque observé aux flancs dans la respiration d'un cheval poussif, surtout pendant l'expiration.

    Dans le langage général, coup de fouet, effort redoublé par lequel on tente d'obtenir ou d'emporter quelque chose, et, en musique, effort plus brillant que tout le reste, par lequel on finit un morceau. Coup de fouet signifie aussi excitation, action d'animer, de presser.

    Terme de marine. Coup de fouet, la dernière crise du coup de vent, ou le coup de vent lui-même, s'il est de peu de durée.

    Coup de talon, choc qu'éprouve un navire en passant sur un écueil.

    Coup de boutoir, coup porté par le sanglier avec son boutoir ; et, figurément, attaque brusque et inattendue en paroles.

    Terme de maréchalerie. Coup de boutoir dans la sole, plaie faite par le maréchal, lorsque avec le boutoir il pare trop profondément la sole du cheval.

    Terme d'escrime. Coup pour coup, action de deux tireurs qui se touchent en même temps. Coup de temps, coup pris d'opposition sur un développement ; et fig. circonstance inopinée, ou occasion qui passe vite. Il a su profiter du coup de temps.

    Coup fourré, dans un combat au fleuret, à l'épée, se dit quand chacun des deux adversaires en même temps donne et reçoit un coup. Et, figurément faire un coup fourré, se rendre mutuellement et en même temps de mauvais offices. Ils ont fait un coup fourré. Et contre cet assaut je sais un coup fourré, Par qui je veux qu'il soit de lui-même enferré. [Molière, L'étourdi, ou Les contretemps]

    Dans un autre sens, porter un coup fourré, rendre en secret un mauvais office.

    Terme de jeu de paume. Coup de brèche, coup qui fait entrer la balle dans le dedans, près des encoignures.

    Terme de fauconnerie. On dit qu'un oiseau prend coup, quand il heurte trop rudement sa proie.

    Terme de maçonnerie. Un mur prend coup, il menace de chute, il fait ventre, il n'est plus à plomb.

  • 2Les coups, le combat. Mais s'il fallait encor que l'on en vînt aux coups, Je combattrais pour elle en soupirant pour vous. [Corneille, Horace] Elle-même leur dresse une embûche au passage, Se mêle dans les coups, porte partout sa rage. [Corneille, Rodogune, princesse des Parthes] Hercule respirant sur le bruit de vos coups. [Racine, Phèdre]

    Fig. Juger des coups, rester spectateur d'une lutte, d'un débat. Nous étions neutres et nous jugions des coups. [Sévigné, 344]

    Sans coup férir, sans combattre, sans en venir aux mains. Il s'empara des positions de l'ennemi sans coup férir. Et fig. et familièrement, sans résistance. Il en est venu à bout sans coup férir.

  • 3Blessure, contusion. Il est tout couvert de coups. Il tomba percé de coups. L'époux expirant sous les coups d'une épouse barbare. [Massillon, Car. Avenir.] Percé de tant de coups, comment t'es-tu sauvé ? [Racine, Andromaque]

    Coup de feu, plaie produite par une arme à feu.

    Le coup de la mort, la blessure, l'accident qui la détermine. Il se jeta à son cou, disant qu'il devinait bien ce qu'il avait à lui dire, que c'était le coup de sa mort, qu'il le recevait de la main de Dieu. [Sévigné, 173] L'amour lui a donné le coup de la mort. [Bossuet, I, Ass. 1]

    Le coup de grâce, celui par lequel le bourreau achevait le patient ; et, par extension, ce qui consomme la ruine de quelqu'un. Il souhaite la mort comme le coup de grâce. [Sévigné, 32]

    Populairement et ironiquement. Il a été le plus fort, il a porté les coups, il a été battu.

  • 4La décharge d'une arme à feu. Tirer un coup de canon. Cent pièces de canon tonnèrent sur elle à son arrivée, et la maison où elle entra fut percée de leurs coups. [Bossuet, Oraisons funèbres] Des filous effrontés, d'un coup de pistolet, Ébranlent ma fenêtre et percent mon volet. [Boileau, Satires] Il ne s'avisa pas seulement de lui tirer son coup. [Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont]

    Tirer à coup perdu, tirer hors de portée.

    Fusil à deux coups, fusil à double canon.

    Faire le coup de fusil, prendre part à un combat d'infanterie, se battre en tirailleurs. On dit de même pour la cavalerie, faire le coup de pistolet. Les Mazarins venaient faire le coup de pistolet dans le faubourg St-Antoine. [Retz, II, 213]

    Se dit aussi de la charge de l'arme. J'ai encore deux coups de poudre et un coup de plomb.

    Terme de chasse. Coup double, coup qui tue deux pièces de gibier. Et fig. Le cardinal prit si bien son temps et ses mesures qu'il fit coup double ; le confesseur fut renvoyé, et il en donna un autre auquel il était assuré de faire dire ce qu'il voudrait. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]

    Par extension. Coup de tonnerre, bruit violent qui accompagne une décharge d'électricité dans un orage. Un violent coup de tonnerre fit trembler toutes les vitres.

    Familièrement et par ironie, il est secret comme un coup de tonnerre, comme un coup de canon, il divulgue ce qu'on lui confie.

    Coup de foudre, coup que frappe l'électricité dans un orage. Un coup de foudre fendit le peuplier.

    Fig. Ce coup de foudre est grand. [Corneille, Polyeucte] Un coup de foudre est tout ce que je veux de vous. [Racine, La Thébaïde, ou Les frères ennemis] Les dieux, longs à se résoudre, Ont fait un coup de leur foudre. [Malherbe, II, 4]

  • 5 Fig. Atteinte, attaque, blessure morale. En vos beautés parfaites Vous ne pouvez savoir tous les coups que vous faites. [Régnier, Satires] Il veut frapper le coup sans notre ministère. [Corneille, Héraclius, empereur d'Orient] À l'honneur de tous deux il porte un coup mortel. [Corneille, Le Cid] Les Sarrasins reçurent de grands coups durant l'empire de Léonce. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle] Vous vous troublez beaucoup ! Mon coeur n'est point du tout ébranlé de ce coup. [Molière, Les femmes savantes] Amour est un étrange maître ; Heureux qui peut ne le connaître Que par récit, lui ni ses coups. [La Fontaine, Fables] Mais il me faut tout perdre et toujours par vos coups. [Racine, Andromaque] S'il préparait ses coups tandis que je vous vois. [Racine, Britannicus] Constantin, après avoir affaibli la capitale, frappa un autre coup sur les frontières. [Montesquieu, Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence]Le dernier coup, ce qui achève d'accabler, de ruiner, etc. .... Donner le dernier coup à la dernière tête De la rébellion. [Malherbe, II, 12] Donner le dernier coup au parti des tyrans. [Molière, Dom Garcie de Navarre, ou Le prince jaloux] Il ne restait qu'à donner le dernier coup à cette secte. [Fléchier, Oraisons funèbres] Il donna le dernier coup à leur empire. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle] Voilà le dernier coup qu'il fallait donner à notre ignorance. [Bossuet, ib. II, 11] Cet édit qui donna le dernier coup à l'hérésie. [Bossuet, Oraisons funèbres] Les flatteurs nous donnent le dernier coup. [Bossuet, Resp. 3] Mme de Jouarre donne le dernier coup à l'exemption. [Bossuet, Lettr. abb. 76]

    Tenir coup, tenir tête. Prête chacune à tenir coup aux gens. [La Fontaine, Mazet.]

    Le coup de pied de l'âne, insulte qu'un lâche adresse à un homme jadis puissant et maintenant hors d'état de se venger. Locution tirée de la fable où l'âne vient en dernier frapper le lion mourant.

    Coup de Jarnac, manoeuvre perfide, déloyale. François de Vivonne fut tué en combat public et singulier par Guy Chabot, fils du seigneur de Jarnac, d'où est venu le proverbe du coup de Jarnac. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]

  • 6Son, bruit que rendent certains corps par le choc. Le premier coup de cloche le réveilla. Au coup de minuit, de midi. Les coups de marteau retentissaient dans toute la maison. Tout est prêt ; nous partirons au coup de dix heures.

    Familièrement. N'être pas sujet au coup de cloche, au coup de marteau, n'être pas sujet à la cloche, au marteau qui demande que la porte soit ouverte et qui indique qu'on vient réclamer votre office, être libre et maître de son temps.

  • 7Action rapide d'un organe, d'un instrument, etc. Un coup de langue. Des coups de gosier sonores. En quelques coups de balai la maison fut nettoyée.

    Un coup de dent, action de faire aller la mâchoire pour manger. [L'âne] Craignit qu'en perdant un moment Il ne perdît un coup de dent. [La Fontaine, Fables] Il y procédait d'une vitesse toujours égale et trouvait moyen, sans perdre un coup de dent, de me donner louanges sur louanges. [Lesage, Histoire de Gil Blas de Santillane]

    Coup de pinceau, application du pinceau pour peindre ; et fig. description. Tu demeures surpris et changes de couleur à ce discours ; ce n'est là qu'une ébauche ; et, pour achever le portrait, il faudrait bien d'autres coups de pinceau. [Molière, Dom Juan, ou le Festin de Pierre] Si Molière a rendu Tartuffe odieux au cinquième acte, c'est par la nécessité de donner le dernier coup de pinceau à son personnage. [Marmontel, Éléments de littérature]

    Coup de chapeau, salutation donnée au passage. Encor ? Que de coups de chapeau ! [Molière, L'école des maris]

    Traduire à coups de dictionnaire, ne pouvoir traduire qu'en ayant recours fréquemment au dictionnaire. La plupart des livres de certains savants ne sont fabriqués qu'à coups de dictionnaires, et ils n'ont guère lu que les tables des livres qu'ils citent, ou quelques lieux communs ramassés de différents auteurs. [Malebranche, De la Recherche de la vérité]

    Coups de ciseaux, coupures qu'on fait avec des ciseaux dans quelque écrit pour les insérer textuellement dans une composition. Faire un journal à coups de ciseaux.

    Donner à quelqu'un un coup de main, d'épaule, lui venir en aide, unir momentanément ses efforts aux siens.

    Donner un coup de collier, faire un nouvel effort, locution prise des chevaux qui, faisant un effort, appuient sur le collier.

    Familièrement. Donner un coup de pied jusqu'à tel endroit, y aller : cela ne se dit que d'un endroit peu éloigné.

    Terme de peinture. Application, sur la toile, de la brosse ou du pinceau chargé de couleur. Peindre au premier coup, peindre d'une manière large, facile, rapide. Coup de jour, trait vif de lumière ou de clair placé à propos.

    Terme de musique. Coup de langue, coup de gosier, coup d'archet, manière de lancer le son.

    Fig. Coup de bec, de dent, de langue, de patte, propos médisant. Les absents sont assassinés à coups de langue. [Scarron, Le Roman comique] Pour vous, vous représentez une de ces personnes qui prêtent doucement des charités à tout le monde, de ces femmes qui donnent toujours le petit coup de langue en passant. [Molière, L'impromptu de Versailles]

    Coup de filet, action de lancer le filet, et résultat de cette action, prise de poisson ; et fig. une capture, un gain. La police, d'un coup de filet, a saisi plusieurs malfaiteurs. Ce seul coup de filet lui a rapporté une grosse somme.

    Terme de typographie. Coup de planche, action de poser la planche sur le papier pour l'imprimer.

    Coup de piston, la course entière accomplie par un piston dans un corps de pompe, pour se rendre d'une extrémité à l'autre.

  • 8 Terme de guerre. Coups de main, ceux qui se donnent avec les armes ordinaires, sans artillerie. Une place emportée à coups de main, c'est une place emportée d'emblée, l'épée à la main.

    Coup de main, expédition, attaque de vive force, et, en général, toute espèce d'entreprise hardie. S'il est permis, sous ce prétexte, de faire des coups de main, quels États sont en sûreté dans la jeunesse des rois ? [Bossuet, Histoire des variations des Églises protestantes] La Grande-Bretagne n'oublia pas, à Utrecht, que ces voisins entreprenants, soutenus des Canadiens, accoutumés à la chasse et aux coups de main, avaient porté, durant les deux dernières guerres, la désolation dans ses divers établissements. [Raynal, Histoire philosophique et politiques des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes]

  • 9Coup d'oeil, vue, regard. Jetez un coup d'oeil sur ce tableau. Et dès qu'il m'aura plu d'abattre votre orgueil, Vos têtes pour tomber n'attendront qu'un coup d'oeil. [Corneille, Attila] Je crains d'en recevoir quelque coup d'oeil fatal, Et chasse un ennemi dont je me défends mal. [Corneille, Théodore et Héraclius] Enfin, avant de paraître au parloir, On doit au moins deux coups d'oeil au miroir. [Gresset, Ver-Vert] Les opticiens, fondés sur l'expérience, disent que l'étendue d'un coup d'oeil est bornée à l'angle droit. [Bonnet, Essai de psychologie]

    Fig. Bannis toute imposture, et d'un coup d'oeil plus sage Regarde ce prophète à qui tu rends hommage. [Voltaire, Le fanatisme, ou Mahomet le Prophète]

    Coup d'oeil, sûreté dans l'appréciation des choses. Il avait ce qu'on appelle le coup d'oeil d'une justesse et d'une promptitude singulière et peut-être unique ; c'était une sorte d'inspiration dont la clarté et la force prouvaient la vérité, du moins pour lui. [Fontenelle, Chirac] Un Condé, dont le premier coup d'oeil décidait toujours de la victoire. [Massillon, Oraisons funèbres et sermons] Descartes a envisagé la nature comme un homme qui, plongeant sur elle un vaste coup d'oeil, l'embrasse tout entière et en fait pour ainsi dire le plan à vue d'oiseau. [Turgot, Ébauche du 2e discours. Progrès de l'esprit humain, p. 278] Il avait reçu de la nature ce coup d'oeil prompt et juste qui saisit tout ce qui mérite d'être observé et qui ne voit les objets que tels qu'ils sont. [Condorcet, Linné.]

    Coup d'oeil, aspect. La vertu n'a de triste que le premier coup d'oeil. [Massillon, Car. Dégoûts.] Il n'a de beau que la surface et le premier coup d'oeil. [Massillon, Profess. relig. 1] Le coup d'oeil de son retour à sa toute-puissance en Espagne [la princesse des Ursins] ne la dérangea pas plus qu'avait fait la chute de la foudre sur elle à Madrid. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]

  • 10Action vive, effet subit de certaines choses. Un coup de vent fit écrouler une partie de la muraille. Du premier coup de vent il me conduit au port. [Corneille, Polyeucte] L'hiver était si près de nous, qu'il n'avait fallu qu'un coup de vent de quelques minutes pour l'amener âpre, mordant, dominateur. [Ségur, Histoire de Napoléon et de la Grande-Armée pendant l'année 1812]

    Terme de marine. Coup de mer, choc d'une grosse lame. Bien tenir le coup, résister aux coups de vent et de mer. Faire un coup d'écoute, forcer sa voilure par une brise fraîche.

    Terme de médecine. Coup de sang, attaque d'apoplexie, et aussi congestion momentanée du sang vers la tête.

    Coup de lumière, effet subit d'une lumière qui apparaît. Malgré l'obscurité du crépuscule où les nations semblent encore errer, des coups fréquents de lumière annoncent l'aurore et la venue du grand jour. [Holbach, dans DU MARSAIS, Essai préj. ch. 14]

    Coup de soleil, effet produit, sur une partie quelconque d'un être vivant, animal ou végétal, par l'action d'un soleil ardent.

    Coup de soleil, sorte d'érysipèle causé par le soleil. J'attrapai un coup de soleil sur une main. [Chateaubriand, Itinéraires de Paris à Jérusalem]

    Coup de soleil, ensemble d'accidents cérébraux causés par le soleil, et qui peuvent causer rapidement la mort.

    Populairement. Coup de soleil, action de rougir soudainement par honte ou par embarras.

    Coup d'air, fluxion ou douleur causée par un courant d'air.

    Terme de vétérinaire. Coup de chaleur, congestion sanguine, brusque, rapide, du poumon, quelquefois de l'intestin et plus rarement de l'encéphale, arrivant communément sur les chevaux de trait rapide, pendant le travail et au temps des chaleurs.

    Terme d'arts. Coup de feu, action d'activer le feu pour la cuisson ou la fusion de différentes matières. Toute porcelaine, au moment qu'elle reçoit son dernier coup de feu, se trouve dans un état de fusion commencée. [Raynal, Histoire philosophique et politiques des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes]

    Terme de cuisine. Coup de feu, l'action d'activer le feu des fourneaux au moment d'achever la cuisson des mets ; et figurément, moment de presse.

    Coup de feu, action d'un feu trop ardent sur une préparation culinaire. Le rôti a un coup de feu.

  • 11Chance favorable ou défavorable, circonstance imprévue. Coup du ciel. Coup de bonheur. Comment la retrouver sans un coup du hasard ? [Brifaut, Ninus II, III, 4] Fais agir ta constance en ce coup de malheur. [Corneille, Le Cid] La fortune se plaît à faire de ses coups. [La Fontaine, Fables] Mille fois la religion a été à la veille d'une destruction universelle ; et, toutes les fois qu'elle a été dans cet état, Dieu l'a relevée par des coups extraordinaires de sa puissance. [Pascal, Pensées] Glaive du Seigneur, quel coup vous venez de faire ! toute la terre en est étonnée. [Bossuet, Oraisons funèbres] Quel coup vient nous confondre ! [Voltaire, Zaïre] Parle, achève, ô mon Dieu ! ce sont là de tes coups. [Voltaire, ib. II, 3]
  • 12Action. Voilà un coup d'étourdi. C'est un coup de désespoir. C'est là que votre main peut faire de beaux coups. [Régnier, Satires] Quoi ! de tuer un homme auriez-vous conscience ? Loin que votre dessein vous fasse aimer d'Hortense, Ce coup augmentera sa haine, il est certain. [La Fontaine, Florentin, 3] Nous savons que ce prince magnanime [Charles II] eût pu hâter ses affaires en se servant de la main de ceux qui s'offraient à détruire la tyrannie par un seul coup. [Bossuet, Oraisons funèbres] Vous vouliez toutes deux un coup trop inhumain. [Corneille, Rodogune, princesse des Parthes] Il n'a point pris le ciel ni le sort à partie, Point querellé le bras qui fait ces lâches coups. [Corneille, Héraclius, empereur d'Orient] Un même coup a mis ma gloire en sûreté, Mon âme au désespoir, ma flamme en liberté. [Corneille, Le Cid] Votre bras dans Pharsale a fait de plus grands coups. [Corneille, La mort de Pompée] S'il a cette vertu, cette valeur insigne, Donnez-lui votre armée, et voyons ces grands coups. [Corneille, Nicomède] Ô coup ! ô trahison trop indigne d'un homme ! [Corneille, Cinna, ou La clémence d'Auguste] Si de mon propre sang ma main versant des flots N'eût par ce coup hardi réprimé vos complots. [Racine, Athalie] Gardez qu'avant le coup votre dessein n'éclate. [Racine, Andromaque] Cet ouvrage, madame, est un coup d'Agrippine. [Racine, Britannicus] L'action de Léonidas, avec ses trois cents Spartiates, n'était pas un coup de désespoir, mais une conduite sage et généreuse, comme Diodore de Sicile a soin de le faire remarquer. [Rollin, Histoire ancienne] Ils ont fait un beau coup vraiment ; Mais, pour réparer leur sottise, La folie et l'amour ont fait adroitement Réussir l'heureuse entreprise. [Regnard, Les folies amoureuses] Je crus faire un coup d'une profonde politique en.... [Fénelon, Télémaque] Il n'appartient de proposer des changements qu'à ceux qui sont assez heureusement nés pour pénétrer d'un coup de génie toute la constitution d'un État. [Montesquieu, L'esprit des lois] Le coup du génie [dans le Misanthrope de Molière] est de l'avoir fait amoureux d'une coquette. [Rousseau, Correspondance]

    Faire le coup, faire l'action dont il s'agit, en parlant d'une action mauvaise, ou tout au moins d'une action hardie. Je crois que c'est monsieur votre cher intendant qui a fait le coup. [Molière, L'avare] On ne put pas le convaincre d'avoir fait le coup. [Bossuet, Histoire des variations des Églises protestantes] Non, non ; Britannicus est mort empoisonné ; Narcisse a fait le coup ; vous l'avez ordonné. [Racine, Britannicus] On découvre que le jardinier a fait le coup. [Rousseau, Émile, ou De l'éducation]

    Faire de bons coups, faire de bons tours. Font quelques fois ensemble de bons coups. [La Fontaine, Herm.]

    Faire un mauvais coup, une mauvaise action. Celui qui reçoit de l'argent pour un méchant coup. [Pascal, Les provinciales] ....Comme le voilà fait ! Débraillé, mal peigné, l'oeil hagard ! à sa mine, On croirait qu'il viendrait, dans la forêt voisine, De faire un mauvais coup.... [Regnard, Le joueur]

    Faire un coup de tête, faire étourdiment une chose hardie ou extravagante. Faire un coup de sa tête, ne demander conseil à personne.

    Un coup de maître, une action digne d'un maître, d'un homme habile, vaillant, etc. Mes pareils à deux fois ne se font pas connaître, Et pour leur coup d'essai veulent des coups de maître. [Corneille, Le Cid]

    Coup d'essai, la première fois qu'on tente une chose. Ne cherche point à faire un coup d'essai fatal. [Corneille, Le Cid] Sur ce beau coup d'essai de votre ingratitude. [Corneille, Nicomède] Ce sont des coups d'essai, mais si grands que peut-être Le Capitole a droit d'en craindre un coup de maître. [Corneille, Nicomède] N'est que le coup d'essai de ses illusions. [Corneille, Polyeucte] Il fit voir que les plus difficiles victoires ne sont que les coups d'essai de ceux que Dieu même instruit pour la guerre. [Fléchier, Panég. II, p. 10] En voilà assez pour des faussetés si vaines ; ce ne sont là que des coups d'essai de vos novices, et non pas les coupe d'importance de vos grands profès. [Pascal, Les provinciales]

    Coup d'éclat, action qui fait grand bruit, qui attire beaucoup de renom, et aussi action qui rompt avec des habitudes, avec une situation, etc.

    Coup monté, coup préparé à l'avance, prémédité.

    Manquer son coup, ne pas réussir. Ayant manqué mon coup, je ne fis point de vains efforts contre un si grand nombre d'ennemis. [Scarron, Le Roman comique] Les anges de la réforme ne manquèrent pas leur coup à cette fois [le tuèrent]. [Bossuet, Déf.] Une de ces flèches qui n'ont jamais manqué leur coup. [Fénelon, Télémaque]

    Dans un sens opposé, porter coup, sans régime, produire un effet considérable. Ce discours porta coup et fit songer notre homme. [La Fontaine, Coupe.] Les événements qui ont porté coup dans la suite. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle] Ce qui se passe en la vie porte coup au point de la mort. [Bossuet, Imp. 1] Pour faire des menaces qui portent coup. [La Bruyère, X.] La plus petite tolérance porte coup. [Patru, Plaid. 6, dans RICHELET] Il s'en faut bien que toutes nos habiletés ou toutes nos fautes portent coup. [Vauvenargues. Max. 546]

    Porter coup, nuire, faire tort. Le coup est porté, le mal est fait. L'injuste porte coup sur lui-même. [Massillon, Ferv. 2] Le gouvernement portera coup à l'agriculture et au commerce, toutes les fois qu'il entreprendra de fixer le prix des denrées. [Condillac, Comm. gouv. part. I, ch. 4]

    Être sous le coup, être menacé par, être en butte à. Il est sous le coup d'une accusation.

  • 13Coup d'État, mesure violente à laquelle un gouvernement a recours. Il ne faut plus que vous parliez d'agir puissamment, ni de faire des coups d'État qu'avec la reine. [Guez de Balzac, Correspondance] Jamais un coup d'État ne fut mieux entrepris. [Corneille, La mort de Pompée] Non qu'en un coup d'État je n'approuve le crime. [Corneille, ib. I, 1] Et je puis dire enfin que jamais potentat N'eut à délibérer d'un si grand coup d'État. [Corneille, ib. I, 1] Au lieu de gouverner par les lois, ils veulent étonner par des coups d'État. [Condillac, Étud. hist. part. I, ch. 4]

    Action qui décide de quelque chose d'important pour le bien de l'État. La bataille de Denain fut un coup d'État.

    Entreprise violente par laquelle un personnage s'empare du pouvoir (coup d'État du 18 brumaire par lequel le général Bonaparte devint maître de la France), ou mesure par laquelle un gouvernement change violemment et en dehors des lois la constitution (le coup d'État tenté par Charles X en 1830).

    Fig. Tout ce qui est décisif dans quelque affaire importante. Ce mariage fut un coup d'État dans cette famille. C'était un coup d'État. [Molière, Le dépit amoureux]

    Coup d'autorité, usage extraordinaire qu'une personne fait de son autorité envers ceux qui lui résistent.

    Coup de théâtre, se dit en poésie dramatique, d'un événement ou d'une situation, qui frappe tout d'un coup l'esprit, parce qu'on ne s'y attendait pas. On ne forme point les esprits avec des tableaux et des coups de théâtre. [Marmontel, Éléments de littérature] Et fig. Son arrivée fut un coup de théâtre. Cela fit un coup de théâtre.

  • 14Fois, occasion, moment. [L'honneur qui] perdu pour un coup jamais ne se recouvre. [Régnier, Satires] Elles n'arrivent pas à leur dernier degré de perfection du premier coup. [Descartes, Diopt. 1] Il n'est pas permis de faire ces actions-là [actes de vaillance] beaucoup de fois en sa vie ; et la fortune, qui vous en a tiré pour ce coup, est un mauvais garant pour l'avenir. [Voiture, Lettres] Les hommes valeureux le sont du premier coup. [Corneille, Le Cid] Certes Rome à ce coup pourrait bien se vanter, D'avoir eu juste lieu de me persécuter. [Corneille, La mort de Pompée] C'est à ce coup qu'il est bon de partir, Mes enfants.... [La Fontaine, Fables] Mais le pauvret, ce coup, y laissa ses houseaux. [La Fontaine, ib. XII, 23] Vous ne bougerez pour ce coup. [La Fontaine, Cord.] M'empoisonne à tous coups [à chaque instant] leurs plus charmants appas. [Molière, Le dépit amoureux] Voyons si votre diable aura bien le pouvoir De détruire à ce coup un si solide espoir. [Molière, L'étourdi, ou Les contretemps] Je l'ai déjà manquée, et même plusieurs coups. [Molière, Le bourgeois gentilhomme] Sans menacer, sans avertir, la mort se fait sentir tout entière dès le premier coup. [Bossuet, Oraisons funèbres] Tout cela ne se fait pas d'un coup. [Bossuet, Visite, 2] À ce coup, le Saint-Esprit irrité se retire, les ténèbres s'épaississent, la foi s'éteint. [Bossuet, Oraisons funèbres]
  • 15Coup de vin, ce qu'on boit de vin en une fois.

    Le coup du milieu, le coup qu'on boit entre les deux services.

    Le coup de l'étrier, le coup qu'on boit en montant à cheval pour partir.

    Familièrement. Boire un coup, un verre de vin. Un jour le cuisinier ayant bu trop d'un coup.... [La Fontaine, Fables] [Tartuffe] But, à son déjeuner, quatre grands coups de vin. [Molière, Tartuffe, ou l'imposteur] Il avait envie d'y boire un coup. [Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont] Matta but cinq ou six grands coups pour étouffer un reste de délicatesse qui l'inquiétait. [Hamilton, ib. 3] Frère Giroflée buvait un coup en attendant le dîner. [Voltaire, Candide, ou L'optimiste] On a vu le bossu passer près de la Villeaux-Dames, où il a bu un coup. [Courier, Lettres de France et d'Italie]

    Boire à petits coups, peu à la fois, mais souvent. L'aîné [Bellisle] était fort sobre ; le cadet aimait à souper et à boire le petit coup, mais sans excès. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon] Du vin vieux d'un hôte aimable Il faut boire à petits coups. [Béranger, P. coups.]

    Boire un coup est aussi faire un excès de vin. Il avait bu un coup.

    Populairement. Boire un coup, être en danger de se noyer.

  • 16 Terme de jeu. Manière de jouer, chance du jeu. Il a fait un beau coup.

    Le donner en trois coups, quatre coups, etc. se dit pour exprimer qu'on défie quelqu'un de faire la chose dont il s'agit, qui est difficile, et qu'on n'a pas su ou qu'on ne saurait pas faire soi-même. Je le donne en six coups au fourbe le plus brave. [Molière, L'étourdi, ou Les contretemps]

    Coup se dit de chaque fois qu'un des joueurs a donné une carte, lancé des dés, etc. Coup forcé, coup qu'il n'est pas possible de parer. Remettre un coup, autoriser quelqu'un à recommencer un coup mal joué.

    Coup sûr, coup qui ne peut manquer de réussir. Fig. Imperceptiblement ensemble ils se rendront, Et malgré vos efforts, mon fils, ils se joindront ; C'est un coup sûr.... [La Fontaine, Florentin, 3]

    À coup sûr, loc. adv. Immanquablement, avec certitude de gain, de succès. Nous réussirons à coup sûr. Ce n'est pas toujours à coup sûr qu'on spécule. Mais vantés, à coup sûr, du Mercure galant. [Boileau, Satires]

    Coup de dés, toute combinaison que les dés peuvent présenter. De leurs différentes combinaisons [osselets à quatre faces dont se servaient les anciens] résultent trente-cinq coups auxquels on a donné les noms des dieux, des princes, des héros, etc. [Barthélemy, L'atlas du Voyage du jeune Anacharsis] Et figurément, c'est un coup de dés ou de dé, c'est une affaire où le hasard aura beaucoup de part.

    Rompre le coup, arrêter, détourner une chance des dés, en les empêchant de rouler librement ; et fig. empêcher le succès d'une entreprise.

    Au trictrac, coup et dés, veut dire que la primauté appartiendra à celui qui amènera le dé le plus fort.

    Tout coup vaille, arrive ce qu'il pourra.

    Au billard, coup du roi, coup où, la bille étant placée en arrière de la blouse du milieu près de la bande, on va frapper de sa bille la bande du haut, de manière qu'en revenant elle pousse l'autre dans la blouse.

    Dans toute espèce de jeux, faux coup, se dit, en général, d'un coup qui n'a pas réussi ou qui n'a pas porté.

    Au billard, faux coup de la queue, faute que commet le joueur quand il touche la bille à faux.

    Coup de partie, ce qui décide du succès d'une partie de jeu ; et fig. du succès d'une affaire. Ce que je viens de faire est un coup de partie Qui les sauve tous quatre et moi-même avec eux. [Lachaussée, Mélanide, III, 8]

    Coup de bourse, opération de bourse qui réussit, qui apporte un grand profit.

  • 17Tout à coup, loc. adv. Soudain et sans qu'on s'y attende. Faire accroire tout à coup à tout un peuple que.... [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle] Tout à coup elle aperçut les débris d'un navire. [Fénelon, Télémaque]
  • 18À coup, à la fois. Le sang des veines y entre si à coup et en si grande quantité que.... [Descartes, Pass. 122] Selon que ce froid vient plus lentement ou plus à coup. [Descartes, Météor. 5] Au lieu de descendre doucement dans leur matière, ils y tombent soudainement et à coup. [Guez de Balzac, Correspondance]
  • 19Tout d'un coup, loc. adv. Tout en une fois, à la fois, du premier coup. Et pour voir tout d'un coup vos malheurs terminés. [Corneille, Nicomède] Et de Servilius l'astre prédominant Dissipa tout d'un coup ce bonheur étonnant. [Corneille, Sertorius] On ne va pas tout d'un coup à la corruption entière. [St-évrem. dans BOUHOURS, nouv. Rem.] Et croyant entrer tout d'un coup. [La Fontaine, Fables] Ou plutôt il fallait, comblant ta perfidie, Lui ravir tout d'un coup la parole et la vie. [Racine, Phèdre]

    Dans le sens de tout à coup. Non, monsieur, elle a fermé tout doucement la fenêtre, et s'est allée mettre sur son lit ; là elle s'est prise à pleurer amèrement ; et tout d'un coup son visage a pâli, ses yeux se sont tournés, le coeur lui a manqué, et elle m'est demeurée entre les bras. [Molière, L'amour médecin] La fille unique de notre maître, attaquée d'une maladie qui lui a ôté tout d'un coup l'usage de la langue. [Molière, Le médecin malgré lui] Comment ! il y avait six jours entiers qu'il ne pouvait mourir, et cela le fit mourir tout d'un coup. [Molière, Dom Juan, ou le Festin de Pierre] Ne disons plus que la mort a tout d'un coup arrêté le cours de la plus belle vie du monde ; disons qu'elle a mis fin aux plus grands périls dont une âme chrétienne peut être assaillie. [Bossuet, Oraisons funèbres] Il arrive aussi quelquefois qu'un écrivain, parlant de quelqu'un, tout d'un coup se met à sa place et joue son personnage. [Boileau, Sublime, 23] Le roi fit un grand ha ! comme un homme oppressé qui tout d'un coup respire. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]

  • 20Coup sur coup, loc. adv. Successivement et sans interruption. Coup sur coup je verrai par leur intelligence De mes soins vigilants confondre la prudence. [Molière, L'école des femmes] Trois rendez-vous coup sur coup furent pris. [La Fontaine, Magn.] Elle a été deux fois à la Trappe coup sur coup. [Bossuet, Lett. 846] La reine écrivit coup sur coup quatre lettres. [Bossuet, Déf.] Les prophètes qu'il envoie coup sur coup. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle] Tant de malheurs qui arrivaient coup sur coup entre ses mains. [Bossuet, Char. frat. 2] Tandis que.... coup sur coup, Pour ma santé je bois beaucoup. [Béranger, Deo grat.] Il produisit coup sur coup divers ouvrages qui certainement devaient lui faire honneur. [D'olivet, Hist. acad. t. II, p. 173, dans POUGENS]
  • 21Après coup, loc. adv. Après que la chose est faite. Ces actes n'ont été faits qu'après coup. [Patru, Plaid. 5, dans RICHELET] Qu'Esdras y ait ajouté après coup les prédictions. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle] Elles n'étaient que des additions après coup. [Bossuet, Rem.] L'amour-propre a voulu après coup vous déguiser votre crime. [Massillon, Car. Tiéd. 1] Dans tous les autres États les lois sont faites après coup. [Voltaire, Correspondance] Quelques mots auxquels je n'ai réfléchi qu'après coup. [Rousseau, Les confessions]
  • 22À tous coups, loc. adv. À tous propos, chaque fois. Non, je ne veux plus voir à tous coups hasardé, Un si grand différend par le sort décidé. [Tristan, La Mort de Chrispe ou Les Malheurs domestiques du Grand Constantin]
  • 23Pour le coup, loc. adv. Pour cette fois. Ah ! c'est pour le coup qu'il faut se croire heureux en bêchant son jardin. [Marmontel, Bélisaire]

    Expression d'impatience et d'humeur. Pour le coup, c'en est trop ! Pour le coup, l'enfant n'y est plus ; comment concevoir qu'on le laisse sortir seul ? [Rousseau, Émile, ou De l'éducation]

  • 24Encore un coup, loc. adv. Encore une fois. Madame, encore un coup, cet homme est-il à vous ? [Corneille, Nicomède] Non, mais encore un coup, ne la revoyez point. [Corneille, Polyeucte] Va-t'en, encore un coup je ne t'écoute plus. [Corneille, Le Cid] Allons encore un coup le donner à Chimène. [Corneille, ib. V, 4] Ô ma coignée ! ô ma pauvre coignée ! S'écriait-il, Jupiter, rends-la-moi ; Je tiendrai l'être encore un coup de toi. [La Fontaine, Fables] Il raisonne mal, encore un coup. [Bossuet, Déf.] J'espère donc encore un coup, que vous voudrez. [Bossuet, Lett. 251] Mettons, encore un coup, toute la Grèce en flamme. [Racine, Andromaque] Madame, encore un coup c'est à vous de choisir. [Racine, Bajazet] Encore un coup vivez, et revenez à vous. [Racine, Esther]

PROVERBES

Le coup vaut la balle, le coup vaut l'argent, la chose vaut bien la peine qu'on a prise.

Ses plus grands coups sont rués, s'est dit jadis d'un homme qui est sur l'âge.

REMARQUE

Les grammairiens font observer que tout d'un coup se dit de ce qui se fait en même temps : Ils ont résolu de partir tout d'un coup ; et tout à coup de ce qui se fait soudainement et comme à l'improviste : Ils ont disparu tout à coup. Il faut en effet distinguer tout à coup, de tout d'un coup ; mais la distinction indiquée n'est pas exacte. Tout à coup ne peut pas s'employer pour tout d'un coup ; mais tout d'un coup peut avoir le sens de tout à coup. Voir les exemples.

+

COUP.
10Ajoutez :

Terme d'exploitation houillère. Coup d'eau, accident que cause la rencontre fortuite, dans les travaux de mines, d'une source ou bain d'eau auquel on donne issue. La section a entendu le rapport de M. Habets, ingénieur, sur les moyens de prévenir les explosions et les coups d'eau dans les mines. [Journal officiel] Une meilleure organisation des travaux de sondage dans les mines où il existe des travaux antérieurs prémunira les mineurs contre les coups d'eau. ib. 3e col.]

Coup de feu, nom d'un des actes d'un feu d'artifice. Ce coup de feu (c'est le terme technique) était accompagné de douze pyramides, de chacune desquelles jaillissait un bouquet de chandelles romaines. [Moniteur universel]

18Aux exemples de à coup, ajoutez celui-ci : Tel fut le coup de foudre qui tomba sur Mme la duchesse, si à coup au premier voyage de ses filles à Marly. [Saint-simon, t. VIII, p. 285, éd. Chéruel.]
25Donner un coup de télégraphe, expédier une dépêche télégraphique. Maintenant, si la chambre insiste pour qu'on recule la révision des chevaux, un coup de télégraphe sera donné ce soir, et demain la revue sera ajournée. [Journal officiel]
26Les trois coups, les trois coups que l'on frappe dans une salle de spectacle pour annoncer que la pièce ou qu'un acte va commencer. Dans Racine Eurybate, Ergaste dans Molière, De la location il porte le fardeau, Et frappe les trois coups au lever du rideau. [Delavigne, Coméd. I, 5]
27 Familièrement. Être aux cent coups, être fort embarrassé.
28À coup près, ancienne locution qui signifie à peu de chose près, peu s'en faut. Parmentier.... m'assura qu'il disposerait à coup près de Brigalier, conseiller de la cour des aides, capitaine de son quartier et très puissant dans le peuple. [Retz, Mémoires] Je vous demande excuse, monsieur, dit Sancho ; mais comment voulez-vous que je trouve à coup près la maison de notre maîtresse ? Don Quichotte, trad. par Filleau Saint-Martin. t. III, ch. IX, de l'édit. de 1678, p. 134 et 135] Harcourt manque à coup près d'entrer au conseil. [Saint-simon, t. VII, p. 98, éd. Chéruel.]
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