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horreur

nf (o-rreur)
  • 1La sensation physique qui fait que la peau devient chair de poule et que les cheveux se hérissent. La peau, se retirant sur elle-même, fera dresser les cheveux, dont elle enferme la racine, et causera ce mouvement qu'on appelle horreur. [Bossuet, Traité de la connaissance de Dieu et de soi-même] D'une subite horreur leurs cheveux se hérissent. [Boileau, Le lutrin]
  • 2Se dit des choses qui causent un sentiment d'effroi mêlé d'admiration, de respect, etc. Après cela, docteur, va pâlir sur la Bible.... Perce la sainte horreur de ce livre divin. [Boileau, Satires] Et, dans la sacristie entrant, non sans terreur, En percent jusqu'au fond la ténébreuse horreur. [Boileau, Le lutrin] Le ciel brille d'éclairs, s'entr'ouvre, et parmi nous Jette une sainte horreur qui nous rassure tous. [Racine, Iphigénie en Aulide] Il est saisi d'une horreur divine. [Fénelon, Télémaque] Saisie d'une horreur de religion à la seule présence du sanctuaire. [Massillon, Av. Disp.] Mais, quand il m'accablait de cette sainte horreur, La persuasion n'a point rempli mon coeur. [Voltaire, Le fanatisme, ou Mahomet le Prophète] Tout en fait sentir la religieuse horreur [de l'église gothique]. [Chateaubriand, Le génie du christianisme, ou Les beautés de la religion chrétienne] [Byron] La nuit est ton séjour, l'horreur est ton domaine. [Lamartine, Méditations poétiques]
  • 3Mouvement accompagné de frémissement et causé par quelque chose d'affreux. Ce spectacle nous glaça d'horreur. Et délivre mes yeux de l'horreur de te voir. [Corneille, Héraclius, empereur d'Orient] Mais par la sainte horreur que vous fait l'infamie. [Corneille, Théodore et Héraclius] Malgré la juste horreur que son crime me donne. [Racine, Andromaque] Quel jour mêlé d'horreur vient effrayer mon âme ! [Racine, Esther] Le ciel avec horreur voit ce monstre sauvage. [Racine, Phèdre] Dans l'infidèle sang baignez-vous sans horreur. [Racine, Athalie] Sais-tu l'excès d'horreur où je me vois livrée ? [Voltaire, La méroppe française] La pitié, non l'horreur, doit régner sur la scène. [Voltaire, Prude, prol.] (Ce prologue a été attribué à la Prude dans l'édit. de Kehl ; il appartient à la comédie de l'Échange). On sut par lui [un général blessé et abandonné] ce crime : un frémissement d'horreur se propagea dans la colonne, il parvint jusqu'à l'empereur. [Ségur, Histoire de Napoléon et de la Grande-Armée pendant l'année 1812]

    Sentiments d'horreur. Que d'horreurs vous me jetez dans l'âme ! [Corneille, Suréna]

    Faire horreur, exciter le sentiment de l'horreur. Trouvez-vous doux les noms de perfide et de traître ? - Je sais qu'aux généreux ils doivent faire horreur. [Corneille, Héraclius, empereur d'Orient] Cette âme qui s'est tant aimée et tant cherchée, ne se peut plus supporter aussitôt qu'elle est seule avec elle-même ; sa solitude lui fait horreur. [Bossuet, Oraisons funèbres] Dont les proscriptions font horreur en les lisant. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle] Vices qui font horreur à la nature. [Bossuet, ib. II, 12] Elle a craint qu'Hippolyte, instruit de ma fureur, Ne découvrît un feu qui lui faisait horreur. [Racine, Phèdre] Va, je la désavoue, et tu me fais horreur. [Racine, Andromaque] Les rameurs chantaient à l'honneur de Vénus et de Cupidon des vers qui devaient faire horreur à ceux qui aiment la vertu. [Fénelon, Télémaque] Le vice grossier fait horreur. [Fénelon, ib. VII]

    Familièrement et par exagération. Cela fait horreur, est à faire horreur, se dit d'une chose extrêmement laide, ou faite sans goût, sans habileté. Vous êtes aujourd'hui coiffée à faire horreur. [Gresset, Le méchant]

    Familièrement. C'est une horreur, c'est une personne, une chose affreuse.

    Fi ! l'horreur ! se dit pour marquer la répugnance.

    Ah ! l'horreur, se dit dans le même sens. L'une d'elles, qui le connaissait un peu, dit en le regardant de côté [Memnon devenu borgne] : Ah ! l'horreur ! [Voltaire, Memnon.]

  • 4Haine, aversion, dégoût, exécration. L'injuste horreur qu'elle [Rome] eut toujours des rois. [Corneille, La mort de Pompée] Que la vertu du fils.... Vainque la juste horreur que vous avez du père. [Corneille, Héraclius, empereur d'Orient] Vous avez aimé cette erreur Pour qui vous ne deviez avoir que de l'horreur. [Molière, Psyché] Elle [l'Église] a pour le meurtre une horreur toute particulière. [Pascal, Les provinciales] Sait-il toute l'horreur que ce Juif vous inspire ? [Racine, Esther] Burrhus pour le mensonge eut toujours trop d'horreur. [Racine, Britannicus] Vous trouverez partout l'horreur du nom romain. [Racine, Mithridate] Il te manquait encor ces perfides amours Pour être le supplice et l'horreur de mes jours. [Racine, Mithridate] J'ai pris la vie en haine et ma flamme en horreur. [Racine, Phèdre] Quelle innocence ! quelle vertu ! quelle horreur du vice ! [Fénelon, Télémaque] Il [l'éléphant] a une horreur si grande pour le cochon, que le seul cri de cet animal l'émeut et le fait fuir. [Buffon, Quadrupèdes] Presque toutes les femmes ont une horreur invincible pour les araignées, les crapauds, les couleuvres. [Genlis, Adèle et Théod. t. I, p. 140, dans POUGENS]

    Avoir horreur de, éprouver une aversion mêlée de dégoût. Celles de ma naissance ont horreur des bassesses. [Corneille, Rodogune, princesse des Parthes] Les infamies qu'il [le nouveau quiétisme] a héritées de la secte des béguards.... je pourrais dire d'abord qu'on a horreur de traiter de telles matières. [Bossuet, Instructions sur les états d'oraison] On frémirait en le prononçant, et l'on aurait horreur de soi-même. [Bourdaloue, 9e dim. après la Pentec. Dom.] Le roi eut horreur de tout ce qu'il entendait. [Fénelon, Télémaque]

    Être en horreur à quelqu'un, lui inspirer une haine mêlée d'horreur. David m'est en horreur. [Racine, Athalie] Baal est en horreur dans la sainte cité. [Racine, ib. V, 6] Il nous croit en horreur à toute la nature. [Racine, Esther] Ma mémoire est en horreur. [Fénelon, Télémaque]

    Objet d'horreur. Il ne peut endurer que l'horreur de la Grèce Pour prix de ses forfaits épouse la princesse. [Corneille, Médée] Il devint l'horreur du genre humain. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle]

  • 5Horreur du vide, antipathie par laquelle on supposait que la nature tendait toujours à combler les vides à mesure qu'ils se formaient. Que la pesanteur de la masse de l'air produit tous les effets qu'on a jusques ici attribués à l'horreur du vide. [Pascal, Pes. de l'air, II] C'est d'un semblable raisonnement que l'horreur de la nature pour le vide et cent autres chimères prirent naissance. [Mairan, Élog. abbé de Molières]
  • 6Ce que certaines choses ont d'effrayant, de sinistre. L'horreur d'un cachot. L'horreur des combats. Après que j'aurai vu trébucher son orgueil De son char de triomphe en l'horreur du cercueil. [Rotrou, Bélisaire] L'hiver est ici dans toute son horreur ; je suis dans les jardins ou au coin de mon feu ; on ne peut s'amuser à rien. [Sévigné, 22 nov. 1671] Ces secondes vies que notre faiblesse nous fait inventer pour couvrir en quelque sorte l'horreur de la mort. [Bossuet, Oraisons funèbres] Partez ; mais à ces mots les champions pâlissent, De l'horreur du péril leurs courages frémissent. [Boileau, Le lutrin] Mais à mes tristes yeux votre mort préparée Dans toute son horreur ne s'était pas montrée. [Racine, Bajazet] C'était pendant l'horreur d'une profonde nuit : Ma mère Jésabel devant moi s'est montrée, Comme au jour de sa mort pompeusement parée. [Racine, Athalie] Et que les mêmes coups Dans l'horreur du tombeau nous réunissent tous. [Voltaire, Adélaïde du Guesclin] Il n'y a pas trois cents ans que je [Phénix] vis ici la nature sauvage dans toute son horreur. [Voltaire, La princesse de Babylone] Ainsi de Mahomet vous regrettez les fers, Le tumulte des camps, cette horreur des déserts. [Voltaire, Le fanatisme, ou Mahomet le Prophète] Quoi ! j'ai percé l'horreur de cette nuit profonde. [Delavigne, Le paria]

    L'horreur d'un supplice, la cruauté d'un supplice.

    Fig. Il se dit des souffrances morales. Vous ne connaissez pas toute l'horreur de sa situation. Pour comble d'horreur. L'horreur de ma misère.

    Une belle horreur, se dit des choses qui font éprouver un sentiment d'effroi mêlé d'admiration. La belle horreur d'un orage. Bien que les poëtes excellents, qui ont quelquefois le secret de nous faire sentir des chagrins délicieux et des tristesses agréables, aient encore celui de nous faire voir de belles horreurs. [Brébeuf, Pharsale, Avert. sur la 3e partie.] Enfin le jour, un jour sombre parut ; il vint s'ajouter à cette grande horreur [l'incendie de Moscou], la pâlir, lui ôter son éclat. [Ségur, Histoire de Napoléon et de la Grande-Armée pendant l'année 1812]

    Il se dit au pluriel dans un sens analogue. Les horreurs de la guerre, de la famine. Être en proie aux horreurs de la misère. Il a dans ces horreurs [les agitations d'une insomnie cruelle] passé toute la nuit. [Racine, Esther] Lucrèce, chez les Romains, avait fait son poëme de la nature ; Virgile, ses Bucoliques ; Cicéron, ses livres de philosophie, dans les horreurs de la guerre civile. [Voltaire, Essai sur les moeurs et l'esprit des nations et sur les principaux faits de l'histoire depuis Charlemagne jusqu'à Louis XIII] Peux-tu mêler l'amour à ces moments d'horreurs ? [Voltaire, Alzire, ou Les américains] Ô frère, ô triste objet d'un amour plein d'horreurs. [Voltaire, Le fanatisme, ou Mahomet le Prophète] Tu [France] ne sens point du nord les glaçantes horreurs. [Chénier, Hymne à la France.]

    Les horreurs de la mort, les angoisses de l'agonie.

    Par extension. Le duc de Grammont était lors dans les horreurs de la taille [l'opération par laquelle on extrait la pierre de la vessie]. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]

  • 7L'énormité d'une action cruelle, infâme. Quelle horreur d'embrasser un homme dont l'épée De toute ma famille a la trame coupée ! [Corneille, Horace] On fait plus, on m'impute un coup si plein d'horreur Pour me faire un passage à vous percer le coeur. [Corneille, Rodogune, princesse des Parthes] Un tel excès d'horreur rend mon âme interdite. [Racine, Phèdre] La multitude et l'horreur de vos iniquités. [Massillon, Carême, Fausse conf.] Hélas ! le crime veille et son horreur me suit. [Voltaire, Zaïre] Dans quel palais profane a-t-on vu plus d'horreur ! [Voltaire, Olympie, V, 7] Tant d'horreur n'entre point dans une âme si belle. [Voltaire, Tancrède] Il se trame ici quelque horreur. [Beaumarchais, La mère coupable, ou L'autre Tartuffe]

    Il se dit au pluriel dans le même sens. La vie de ce tyran n'est qu'un tissu d'horreurs. Il faut que le courroux du ciel l'accable quelque jour.... il me fait voir tant d'horreurs que je souhaiterais qu'il fût déjà je ne sais où. [Molière, Dom Juan, ou le Festin de Pierre] Mon esprit ne se résoudrait jamais à se jeter parmi tant d'horreurs [les excès des révolutionnaires anglais], si la constance admirable avec laquelle cette princesse a soutenu ces calamités ne surpassait de bien loin les crimes qui les ont causées. [Bossuet, Oraisons funèbres] Et je l'ai vue aussi cette cour peu sincère Des crimes de Néron approuver les horreurs. [Racine, Bérénice] De toutes les horreurs, va, comble la mesure. [Racine, Athalie] Il retrace vivement à notre imagination les horreurs d'une vie entière de crime. [Massillon, Carême, Lazare.] C'était un débordement de l'armée qui se mit à piller, violer, massacrer, et faire toutes les horreurs que la licence la plus effrénée inspire. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon] On ne connaît que trop les étonnantes horreurs d'Alexandre VI. [Voltaire, Histoire de Jenni, ou Le sage et l'athée] Les horreurs qui accompagnèrent la conquête de cet État et la tyrannie qui la suivit en firent un désert. [Raynal, Histoire philosophique et politiques des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes] Si l'ennemi échappait à ce danger [l'incendie de Moscou], du moins n'aurait-il plus d'asile, plus de ressources ; et l'horreur d'un si grand désastre, dont on saurait bien l'accuser, soulèverait toute la Russie. [Ségur, Histoire de Napoléon et de la Grande-Armée pendant l'année 1812]

  • 8Les choses déshonorantes qu'on attribue à quelqu'un. On m'a dit des horreurs de cet homme-là. Pour moi qui, quoique très jeune alors, ai vu naître toutes ces horreurs [libelles diffamatoires], je sais très bien que l'envie en fut la seule cause. [Voltaire, Mélang. litt. Mém. sur la satire, la sat. après Despréaux.] Existe-t-il, a-t-il jamais existé un méchant assez artificieux pour donner de la consistance aux horreurs qu'il débite d'autrui par les horreurs qu'il confesse de lui-même ? [Diderot, Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur les moeurs et les écrits de Sénèque] Y pensez-vous, monsieur ? quoi ! Florise et Géronte Vous comblent d'amitié, de plaisirs et d'honneurs, Et vous mandez sur eux quatre pages d'horreurs ! [Gresset, Le méchant] Basile : De toutes les choses sérieuses, le mariage étant la plus bouffonne, j'avais pensé.... - Suzanne : Des horreurs. [Beaumarchais, Le mariage de Figaro, ou La folle journée]

    Par extension et plaisanterie. On m'a dit mille horreurs de cette montagne de Tarare. [Sévigné, 23]

  • 9Très familièrement. Injure. Il nous a dit des horreurs.

    Propos obscènes. Il s'approcha de cette femme et lui débita mille horreurs.

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