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front

nm (fron ; le t se lie : un fron-t élevé ; au pluriel, l's se lie : des fron-z élevés)
  • 1Partie de la face qui s'étend de l'origine des cheveux aux sourcils et d'une tempe à l'autre. Un front large. Un front élevé. Il a le front bas. Aux lauriers immortels qui lui ceignent le front. [Corneille, Horace] Elle vient, et son front, siége de la candeur, Annonce en rougissant les vertus de son coeur. [Voltaire, Le fanatisme, ou Mahomet le Prophète] Le front est une des grandes parties de la face, et l'une de celles qui contribuent le plus à la beauté de sa forme. [Buffon, Histoire naturelle générale et particulière] Son front était pensif, son âme était émue. [Ducis, Abufar ou La Famille arabe] Partout où, le long des chemins, J'ai posé mon front dans mes mains, Et sangloté comme une femme... [Musset, Poésies nouv. Nuit de décembre]

    Fig. Quant aux volontés souveraines De celui qui fait tout et rien qu'avec dessein, Qui les sait que lui seul ? comment lire en son sein ? Aurait-il imprimé sur le front des étoiles Ce que la nuit des temps enferme dans ses voiles ? [La Fontaine, Fables] Quelle Jérusalem nouvelle.... Et porte sur le front une marque immortelle ? [Racine, Athalie] Sion a son front dans les cieux. [Racine, ib. III, 8]

    Frotter son front, geste que l'on fait quand on cherche quelque idée. J'ai beau frotter mon front, j'ai beau mordre mes doigts ; Je ne puis arracher du creux de ma cervelle Que des vers plus forcés que ceux de la Pucelle. [Boileau, Satires]

    Se frapper le front, se dit d'un geste qu'on fait quand on a quelque inspiration ou réminiscence soudaine. Il se frappa le front, en s'écriant : J'y suis.

    Donner du front contre, se heurter le devant de la tête contre. Peut-être en ce moment, pour vous épouvanter, Il se soufflettera d'une main mutinée, Se donnera du front contre une cheminée. [Regnard, Le joueur]

    Dérider le front, ôter du front les rides qui indiquent le sérieux, la préoccupation. J'aime mieux Arioste et ses fables comiques Que ces auteurs toujours froids et mélancoliques Qui dans leur sombre humeur se croiraient faire affront Si les grâces jamais leur déridaient le front. [Boileau, L'art poétique]

    Le front rougit, se dit d'un sentiment de honte qui y fait monter la rougeur. Son front, nouveau tondu, symbole de candeur, Rougit en approchant d'une honnête pudeur. [Boileau, Le lutrin] Combien nos fronts pour elle ont-ils rougi de fois ! [Racine, Iphigénie en Aulide] Je ne suis point de ces femmes hardies Qui, goûtant dans le crime une tranquille paix, Ont su se faire un front qui ne rougit jamais. [Racine, Phèdre]

    Fig. N'avoir point de front, n'avoir ni honte, ni pudeur.

    On dit, dans un sens analogue, endurcir son front. Elle a endurci son front, elle ne sait plus rougir. [Bossuet, Histoire des variations des Églises protestantes]

  • 2Le devant de la tête de certains animaux. Le front d'un cheval, d'un boeuf. Son front large [d'un monstre marin] est armé de cornes menaçantes. [Racine, Phèdre]

    Chez les crustacés, intervalle qui sépare les yeux quand le bord antérieur de la tête ne se prolonge point en rostre.

    Chez les insectes, partie antérieure et supérieure de la tête, comprise entre la bouche, les antennes, les yeux et l'occiput.

  • 3Se dit pour le visage entier. Un front serein. Un front sévère. Il est vrai, s'agissant d'un secret qui nous touche, On croit que le front parle, au défaut de la bouche. [Hauteroche, Les Nobles de province] Il lit au front de ceux qu'un vain luxe environne Que la fortune vend ce qu'on croit qu'elle donne. [La Fontaine, Phil. et Bauc.] Ce front satisfait Dit assez à mes yeux que Porus est défait. [Racine, Alexandre le grand] Je me connais, je sais que, blanchi sous les armes, Ce front triste et sévère a pour vous peu de charmes. [Voltaire, La méroppe française] Songe à ce bras puissant, vainqueur de tant de rois, à cet aimable front que la gloire couronne. [Voltaire, Zaïre] Il verra si mon front soutiendra la couronne. [Voltaire, La méroppe française]
  • 4La tête, surtout dans le style élevé et les vers. Chaque mot sur mon front fait dresser mes cheveux. [Racine, Phèdre] Je renvoie Hermione, et je mets sur son front, Au lieu de ma couronne, un éternel affront. [Racine, Andromaque] Et pourquoi me cacher ? et par quelle injustice Faut-il que sur mon front sa honte rejaillisse ? [Racine, Iphigénie en Aulide]

    Fig. Humilier, courber, baisser le front, se dit de l'humiliation, de l'abaissement de la servitude. Avec plaisir, sans doute, il verrait à ses pieds Des sénateurs tremblants les fronts humiliés. [Voltaire, Brutus] J'en eus [des amis] quand j'étais reine, et le peu qui m'en reste Sous un joug étranger baisse un front abattu. [Voltaire, La méroppe française]

    Fig. Relever le front, reprendre du courage, de l'audace, de la fermeté. Ainsi ce peuple esclave, oubliant son devoir, Contre son roi lève un front indocile. [Voltaire, Sams. II, 1] Messène après quinze ans de guerres intestines Lève un front moins timide et sort de ses ruines. [Voltaire, La méroppe française] Et lorsque l'Italie en secouant ses fers Lève un front menaçant.... [Saurin, Spartacus, I, 1] Reine du monde, ô France, ô ma patrie, Soulève enfin ton front cicatrisé. [Béranger, Enf. de la Fr.]

    Le front levé, c'est-à-dire avec assurance, sans craindre aucun reproche. L'on aime à aller le front levé dans la famille des Pourceaugnac. [Molière, Monsieur de Pourceaugnac] Quand je vois dans ce temple, aux vertus élevé, L'infâme trahison marcher le front levé. [Voltaire, Catilina, ou Rome sauvée] L'impudicité ne marche pas le front levé chez les chrétiens. [Chateaubriand, Le génie du christianisme, ou Les beautés de la religion chrétienne]

  • 5La personne elle-même, dans le langage poétique. Le front à qui le coeur ne fait point de reproche Souffre aisément son juge et n'en craint point l'approche. [Rotrou, Bélisaire] Joint qu'au moindre attentat contre un front couronné C'est être criminel que d'être soupçonné. [Rotrou, ib.] Souvenez-vous qu'il règne, et qu'un front couronné.... [Racine, Andromaque]
  • 6L'air, l'attitude, le langage, les manières, surtout en poésie. Et reconnaissez-vous au front de vos amis Qu'ils soient prêts à tenir ce qu'ils vous ont promis ? [Corneille, Cinna, ou La clémence d'Auguste] Mais sachez qu'il n'est point de si cruel trépas, Où d'un front assuré je ne porte mes pas. [Corneille, Polyeucte] Il s'avance au trépas Avec le même front qu'il donnait les États. [Corneille, La mort de Pompée] De quel front soutenir ce fâcheux entretien ? [Racine, Britannicus] Je verrai le témoin de ma flamme adultère Observer de quel front j'ose aborder son père. [Racine, Phèdre] Ah ! Dieux ! lorsqu'à mes voeux l'ingrat inexorable S'armait d'un oeil si fier, d'un front si redoutable.... [Racine, ib. IV, 5] .... Tous les jours.... un homme, un vil esclave D'un front audacieux me dédaigne et me brave. [Racine, Esther] Il [Harlai] se présente aux Seize, il demande des fers Du front dont il aurait condamné ces pervers. [Voltaire, La Henriade]

    De quel front, avec quelle assurance, avec quelle intrépidité. Ceux qui ont vu de quel front il [Charles 1er] a paru dans la salle de Westminster. [Bossuet, Oraisons funèbres]

    Les dehors, l'apparence, par opposition aux sentiments du coeur. Et c'est mal démêler le coeur d'avec le front Que prendre pour sincère un changement si prompt. [Corneille, Rodogune, princesse des Parthes]

  • 7Impudence, effronterie. Il a bien le front de m'accuser d'avarice. [Vaugelas, Q. C. 467] A-t-il encor le front de vous parler de moi ? [Corneille, La toison d'or] Quoi ! vous avez le front de trouver cela beau ? [Molière, Le misanthrope] C'est une chose étonnante que vous ayez le front de parler si haut. [Pascal, Les provinciales] Quoi ! vous avez le front de rire, et devant nous ? [Regnard, Le distrait] Allons, mon ami, de la tête et du front ; je suis là. [Picard, Duhautcours]

    De quel front, avec quelle impudence. De quel front donnerais-je un exemple aujourd'hui, Que mes lois, dès demain, puniraient en autrui ? [Corneille, Pertharite, roi des Lombards] De quel front s'en aller le voir et lui parler ? [La Fontaine, Faucon.] Avec quel front osent-ils parler de la loi ? [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle] Madame ! et de quel front vous unir à mon sort, Quand je ne cherche plus que la guerre et la mort ? [Racine, Mithridate] Que veut-il ? de quel front cet ennemi de Dieu Vient-il infecter l'air qu'on respire en ce lieu ? [Racine, Athalie] De quel front un Alexandre VI, l'horreur de toute la terre, avait-il osé se dire le vicaire de Dieu ? [Voltaire, Essai sur les moeurs et l'esprit des nations et sur les principaux faits de l'histoire depuis Charlemagne jusqu'à Louis XIII]

    Un front d'airain, une extrême impudence. Cet homme a un front d'airain. J'ai vu que l'impudence est la reine du monde Et qu'il faut, quand on veut y faire son chemin, Aller à la fortune avec un front d'airain. [La Chaussée, Gouvern. I, 3]

    On dit dans le même sens : C'est un front d'airain.

  • 8 Fig. et dans le langage élevé et poétique. Le haut, le sommet. Cette montagne élève son front jusque dans les nues. J'avais atteint le front des collines prochaines. [D'avrigny, Jeanne d'Arc, III, 5] Pourquoi balancez-vous vos fronts que l'aube essuie, Forêts, qui tressaillez avant l'heure du bruit ? [Lamartine, Harmonies poétiques et religieuses]
  • 9Étendue que présente le devant de certaines choses. Le front d'un bâtiment. S'il est vrai, comme on l'assure, qu'il y ait dans Paris seul vingt-quatre mille maisons à front de rue. [Vauban, Dîme, p. 76]

    Terme de fortification. Front d'une place, ce qui est compris entre les deux bastions voisins. Une forteresse qui montre de tous côtés un front redoutable. [Bossuet, Oraisons funèbres]

  • 10La face d'une troupe rangée en ligne. Le front d'un bataillon est le premier rang composé des chefs de file. Combattre avec les miens au front de la bataille. [Tristan, Panthée] Cette phalange était divisée en dix petits corps, dont chacun présentait un front de cinquante hommes sur trente-deux de profondeur. [Rollin, Histoire ancienne] En donnant au corps de bataille moins de front et plus de profondeur. [Rollin, ib. t. I, p. 312] Le front des Russes n'était plus en face de notre colonne, mais sur notre gauche. [Ségur, Histoire de Napoléon et de la Grande-Armée pendant l'année 1812]

    Passer sur le front d'une troupe, se porter sur le front d'une troupe rangée en bataille.

    Front de bandière, ligne des étendards et des drapeaux à la tête d'un corps campé.

    Front de bataille, rang antérieur d'une troupe ou d'une ligne déployée ; quand elle n'est pas déployée, on l'appelle tête de colonne.

    Marcher en front de bandière, marcher avec tout l'appareil de la guerre. Les Samoïèdes, les Lapons, les Kamshatkadiens n'ont jamais marché en front de bandière pour détruire leurs voisins. [Voltaire, Dictionnaire philosophique]

    Faire front, se dit d'une troupe qui, étant de flanc, se tourne de manière à présenter le front.

    Front ! terme de commandement militaire, pour dire à une troupe de faire face.

    Terme de marine. Ordre de marche dans lequel tous les vaisseaux d'une armée navale sont rangés sur une ligne perpendiculaire au vent. Former une ligne de front.

  • 11 Terme de perspective. Projection orthographique d'un objet sur le plan parallèle au tableau.
  • 12De front, loc. adv. Par devant. Elles s'allaient rencontrer de front l'une l'autre. [Descartes, Monde, 8] La choquer hardiment [la fortune], et, sans craindre la mort, Se présenter de front à son plus rude effort. [Corneille, Médée] Quelque effort que nous fassions pour détourner nos visages de peur que la vérité ne nous éclaire de front. [Bossuet, Sermons] Pendant qu'Adraste l'aurait attaqué de front. [Fénelon, Télémaque] La colonne était attaquée à la fois de front et par les deux flancs. [Voltaire, Précis du siècle de Louis XV] Il [Napoléon] multiplia ses ordres, il outra ses excitations, et il engagea de front une bataille qu'il avait conçue dans un ordre oblique. [Ségur, Histoire de Napoléon et de la Grande-Armée pendant l'année 1812]

    Fig. Sans ménagement, sans prendre des biais. Je sais ce que tu dis, et n'irai pas, de front, Faire un commandement qu'ils prendraient pour affront. [Corneille, Don Sanche] Il est certains esprits qu'il faut prendre de biais, Et que, heurtant de front, vous ne gagnez jamais. [Regnard, Le légataire universel] Toute loi qui attaque de front un vice que les moeurs tolèrent est nécessairement bientôt éludée et oubliée. [Condorcet, Maurepas.] Si l'on n'osa pas les heurter de front [les auteurs du XVIIe siècle].... on les attaqua d'une manière indirecte. [Chateaubriand, Le génie du christianisme, ou Les beautés de la religion chrétienne]

  • 13De front, sur la même ligne. Les voilà qui voguent de front. [Scarron, Virgile travesti] Une ville composée d'une rue qui s'appelle la grande, quoique deux carrosses n'y puissent passer de front. [Maintenon, Lettres] Pareils en quelque sorte aux anciens qui avaient l'adresse de mener jusqu'à huit chevaux attelés de front, M. Leibnitz mena de front toutes les sciences. [Fontenelle, Leibnitz.]

    Fig. En même temps. Mener deux affaires de front. Le christianisme fait marcher de front les mystères de la divinité et les mystères du coeur humain. [Chateaubriand, Le génie du christianisme, ou Les beautés de la religion chrétienne]

  • 14Front à front, loc. adv. Opposé l'un à l'autre, en face l'un de l'autre. Ces deux hommes [Condé et Turenne], tantôt unis.... tantôt opposés front à front. [Bossuet, Oraisons funèbres]

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15De front, de face, sans présenter le corps de côté. On m'a conduit au second par un escalier à demi rompu et si étroit qu'à peine y pouvais-je passer de front. [Letourneur, Trad. de Clarisse Harlowe, t. VII, p. 608]
16 En termes de travaux d'art, front de taille, la face du terrain, là où s'arrête le foncement. L'aération s'obtiendra, comme au Saint-Gothard, par l'injection d'air comprimé jusqu'au front de taille.... [en cas d'irruption des eaux] on séparera ce front de taille du reste de la galerie par une sorte de carapace à cloisons hermétiques. [H. de Parville, Journ. offic. 17 août 1875, p. 6891]

Front d'attaque, la face par laquelle on commence le creusement d'un tunnel, d'un puits, etc. Le front d'attaque, dans chacun de ces chantiers, présente une section de 6 à 7 mètres carrés. le Soleil, 18 août 1875]

17Front large, nom d'une espèce de phascolome, dont la chair est excellente. Deux espèces [de phascolomes] au moins vivent aussi bien l'une que l'autre dans notre pays, le wombat et le front large. [Journal officiel]
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