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monter

vi (mon-té)

Résumé

  • 1° Aller en un lieu plus haut que celui où l'on était.
  • 2° Monter chez quelqu'un, aller dans son logis situé au premier étage ou plus haut.
  • 3° Monter à cheval.
  • 4° Monter à l'assaut.
  • 5° Monter en voiture, monter sur un vaisseau.
  • 6° Monter sur un trône, monter au trône.
  • 7° Monter dans la chaire, en chaire.
  • 8° Monter sur le Parnasse, sur le théâtre.
  • 9° Monter à un tribunal.
  • 10° S'élever dans l'air ; voler, en termes de fauconnerie.
  • 11° La mer monte, le vent monte ; un navire monte sur la lame.
  • 12° Il se dit de l'ascension d'un liquide.
  • 13° Grandir et s'élever, en parlant des végétaux.
  • 14° Monter sur l'horizon, en parlant des astres.
  • 15° Avoir trop d'élévation.
  • 16° Passer à un poste, à un grade plus élevé.
  • 17° Obtenir quelque chose d'élevé.
  • 18° Faire impression sur la tête, en parlant de ce qui est capiteux.
  • 19° Prendre l'essor vers le ciel, en parlant de certaines choses abstraites ou morales.
  • 20° Atteindre un degré élevé, en parlant des choses morales.
  • 21° Aller du grave à l'aigu.
  • 22° Hausser de prix, croître en valeur.
  • 23° Faire un total.
  • 24° vt Parcourir, en s'élevant, en passant d'un lieu bas à un lieu haut.
  • 25° Porter, transporter quelque chose en haut, l'y élever.
  • 26° Monter un cheval.
  • 27° Synonyme de s'allier, s'accoupler.
  • 28° Monter un navire, y être embarqué.
  • 29° Monter la garde, la tranchée.
  • 30° Monter un cavalier, lui fournir un cheval ; fournir de ce qui est nécessaire.
  • 31° Monter une horloge.
  • 32° Disposer les pièces d'une machine ; et fig. monter une cabale, un coup.
  • 33° Mettre en place, en parlant des pièces d'un navire.
  • 34° Monter un théâtre, une pièce.
  • 35° Monter un instrument de musique.
  • 36° Accroître, élever.
  • 37° En peinture, monter sa couleur.
  • 38° Monter la tête à quelqu'un.
  • 39° vpron Se monter, être gravi.
  • 40° Recevoir un cavalier, en parlant du cheval.
  • 41° Se procurer un cheval.
  • 42° Être mis en place, en parlant des pièces d'un appareil ; et fig. se modeler.
  • 43° S'élever, se hausser.
  • 44° Il se dit des choses qui croissent, s'augmentent.
  • 45° Former un certain total.
  • 1Aller en un lieu plus haut que celui où l'on était. Monter à une échelle. Monter à un arbre, sur un arbre. Les écureuils montent au haut des arbres. En allant du bord de la mer vers l'intérieur on monte toujours. Allons donc les voir faire, et montons à la tour. [Corneille, La mort de Pompée] Où est le Seigneur, qui nous a fait monter de la terre d'Egypte, qui nous a conduits par le désert au travers d'une terre inhabitée et inaccessible ? [Sacy, Bible, Jérémie, II, 26] Ceux qui ont vu l'exécution [de la Brinvilliers] disent qu'elle a monté sur l'échafaud avec bien du courage. [Sévigné, 17 juill. 1676] Ils montent au sommet de la fatale église. [Boileau, Le lutrin] La trop courte beauté monta sur des patins ; La coquette tendit ses lacs tous les matins. [Boileau, Epîtres] Et moi je suis montée en haut de la muraille. [Racine, La Thébaïde, ou Les frères ennemis] Il [Démosthène] vint à bout de vaincre tous ces obstacles [difficultés à parler], en mettant dans sa bouche de petits cailloux et prononçant ainsi plusieurs vers de suite à haute voix sans s'interrompre ; et cela même en marchant et en montant par des endroits fort roides et fort escarpés. [Rollin, Histoire ancienne] Ennuyée, elle avait monté dans sa chambre. [Rousseau, Les confessions] Non, je me livrerai tout seul à ma fortune, J'oserai sans pâlir monter dans la tribune. [Chénier M. J. Gracq. I, 5] Une espèce de rampe en terrasse [à Sparte].... c'était peut-être le chemin par où l'on montait à la citadelle, qui ne devint très forte que sous les tyrans de Lacédémone. [Chateaubriand, Itinéraires de Paris à Jérusalem] Sortez de vos débris antiques, Temples que pleurait Israël ; Relevez-vous, sacrés portiques ; Lévites, montez à l'autel. [Lamartine, Méditations poétiques] Il monte, et l'horizon grandit à chaque instant ; Il monte, et devant lui l'immensité s'étend.... Jusqu'au sommet suprême où son oeil enchanté S'empare de l'espace et plane en liberté. [Lamartine, ib. II, 13]

    Populairement et fig. Monter sur ses ergots, s'emporter, parler audacieusement, impérieusement.

    Fig. Monter sur des échasses, se guinder.

    Fig. Monter au ciel, passer de cette vie à celle des bienheureux. Fils de saint Louis, montez au ciel, Paroles attribuées au confess. de Louis XVI sur l'échafaud.

    Fig. et populairement. Monter aux nues, se mettre en colère.

    Terme de marine. Monter, c'est, au moyen des enfléchures qui terminent les haubans, comme les échelons traversent une échelle, s'élever à la hune, aux barres de perroquet, etc.

  • 2Monter chez quelqu'un, aller dans son logis, situé au premier étage ou plus haut. J'entends monter quelqu'un ; viens, ne nous montrons pas. [Hauteroche, L'Esprit follet ou La Dame invisible] Montons chez Éliante, attendant sa venue. [Molière, Le misanthrope]

    Familièrement, on dit en un sens analogue, par pléonasme : montez en haut. Il monte en haut, et fait à la donzelle Son compliment, comme homme bien appris. [La Fontaine, Orais.]

  • 3Monter à cheval, se mettre sur un cheval. Il monta à cheval et partit.

    Par extension. Monter à cheval, manier un cheval, lui faire faire le manége.

    Monter en croupe, se placer à cheval derrière quelqu'un. Un fou.... En vain monte à cheval pour tromper son ennui ; Le chagrin monte en croupe, et galope avec lui. [Boileau, Epîtres]

    Fig. Monter sur ses grands chevaux, prendre les choses avec hauteur ; locution tirée de l'usage des chevaliers, qui, allant en guerre, avaient deux chevaux, l'un plus petit sur lequel ils faisaient la marche, l'autre plus grand et plus fort sur lequel ils montaient pour le combat.

    Fig. Il le faut faire monter sur l'ours, se dit d'un enfant qui a peur.

    Populairement et fig. monter à l'arbre, par métaphore prise des ours du Jardin des Plantes, se laisser exciter à la colère, à l'espérance, etc. par quelqu'un qui se moque de vous. On dit en ce sens d'une manière absolue : je vais le faire monter.

  • 4Monter à l'assaut, attaquer une place afin de l'emporter de vive force.

    Monter à la brèche, assaillir la brèche.

  • 5Monter en voiture, entrer dans une voiture.

    Monter dans les carrosses du roi, ou, simplement, monter dans les carrosses, être admis à l'honneur de monter dans les carrosses du roi.

    Monter sur un vaisseau, sur un bateau, se mettre dans un vaisseau, dans un bateau. Nous sommes montés dans le bateau à six heures par le plus beau temps du monde. [Sévigné, 425] On se présentait en foule pour monter sur les nouvelles flottes destinées aux voyages des Indes. [Raynal, Histoire philosophique et politiques des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes]

    Monter sur mer, s'embarquer.

  • 6Monter sur un trône, aller de marche en marche s'asseoir sur un trône. Aussitôt sur un trône éclatant de rubis L'imposteur monte, orné de superbes habits. [Boileau, Satires]

    Fig. Monter au trône, sur le trône, devenir roi ou reine. Seigneur, montez au trône et commandez ici. [Corneille, La mort de Pompée] Néron monta sur le trône à dix-huit ans. [Diderot, Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur les moeurs et les écrits de Sénèque]

  • 7Monter dans la chaire, monter les degrés qui conduisent à la chaire d'une église.

    Fig. Monter en chaire, prêcher. Ou bien montez en chaire ; et là, comme un docteur, Allez de vos sermons endormir l'auditeur. [Boileau, Satires]

  • 8 Fig. Monter sur le Parnasse, composer des vers, se livrer à la poésie.

    Monter sur le théâtre, sur les planches, se faire comédien. ....Le théâtre abhorré Fut longtemps de la France un plaisir ignoré ; De pèlerins, dit-on, une troupe grossière En public à Paris y monta la première. [Boileau, L'art poétique] Voilà un bel honneur pour un empereur romain que de monter sur le théâtre comme un bouffon. [Fénelon, Dialogues des morts]

    Monter sur les tréteaux, se faire bateleur.

  • 9Monter à un tribunal, monter les degrés de l'estrade où un tribunal est placé.

    Fig. Le premier tribunal où il monta fut celui de sa conscience. [Fléchier, Oraisons funèbres]

    Fig. Monter aux tribunaux, devenir juge. Cette impatience téméraire de la plupart des jeunes gens... qui se dispensent de l'ordre du temps et de la raison, pour monter précipitamment aux premiers tribunaux du royaume. [Fléchier, Oraisons funèbres]

    Très populairement et absolument. Monter, comparaître comme accusé devant le tribunal correctionnel ou la cour d'assises. Il a eu des malheurs, il a monté.

  • 10S'élever dans l'air. Il n'y a point d'oiseau qui monte plus haut que l'aigle. Le ballon monta lentement. La flamme montait plus haut que les maisons. ....L'encens qui monte et s'évapore Jusqu'au trône du Dieu que la nature adore. [Lamartine, Méditations poétiques] L'Espagnol a blessé l'aigle des Asturies.... Hérissé, l'oiseau part, et fait pleuvoir le sang, Monte aussi vite au ciel que l'éclair en descend. [Vigny, Éloa, III]

    Terme de fauconnerie. Voler. Monter sur l'aile, se dit de l'oiseau, quand il s'incline sur une des ailes, et s'élève principalement par le mouvement de l'autre. Monter à l'essor, se dit des jeunes oiseaux qui s'essayent à voler, et qui commencent à tenter de hauts vols.

  • 11 Terme de marine. La mer monte pendant le flux. La superstition et l'orgueil, qui persuadent aux grands qu'indépendamment de l'ordre général, ils sont l'objet d'une attention particulière de la Providence, firent publier que la mer n'était pas montée si haut qu'à l'ordinaire pour laisser les princes approcher du pont. [Duclos, Oeuv. t. II, p. 392]

    Activement. Ô flots, que vous savez de lugubres histoires !... Vous vous les racontez en montant les marées. [Hugo, Les rayons et les ombres]

    On dit que le vent monte ou remonte, quand il se rapproche du nord.

    Un navire monte bien sur la lame, quand il se comporte bien par une grosse mer debout.

  • 12Monter se dit de l'ascension d'un liquide dans des tuyaux, dans un bassin, etc. Le mercure qui monte dans un thermomètre. La séve monte aux arbres. Dans un réservoir, dans un bassin qui n'a point d'écoulement, l'eau monte de manière à se trouver de niveau, soit avec sa source, soit avec le point où l'on en a détourné le cours.Le baromètre monte, c'est-à-dire le mercure qui est dans le baromètre s'élève. On dit de même : le thermomètre monte.

    Monter se dit aussi d'un liquide que la chaleur ou une autre cause gonfle et élève. Le lait chauffé monte. Cette solution se gonflait, montait comme le lait, et se serait répandue, si le feu avait été un peu trop poussé. [Diderot, Pensées sur la peinture] À mesure que la crème monte, lever ce qui est monté avec une écumoire. [Genlis, Maison rust. t. II, p. 104, dans POUGENS] Vous fouettez les blancs [d'oeufs], jusqu'à ce qu'ils soient bien montés. [Genlis, ib. t. II, p. 91]

    Il se dit d'un cours d'eau dont le volume s'accroît et le niveau s'exhausse. La rivière a monté d'un pied.

  • 13Monter se dit des végétaux qui grandissent et s'élèvent. Cet arbre monte trop, on le laisse trop croître.

    Cette plante monte en graine, dans peu elle produira de la graine ; locution provenant de ce que, dans beaucoup de plantes herbacées, la laitue, par exemple, la tige ne commence à s'élever qu'au moment de la floraison, et n'achève son évolution que concurremment avec la formation des graines. Ces laitues ont monté, elles ne sont plus bonnes à manger.

    Fig. et familièrement. Monter en graine, prendre des années, en parlant des filles pour qui se passent le temps et les chances de se marier.

  • 14Les astres, le soleil montent sur l'horizon, ils s'élèvent, se rapprochent du zénith. Et le char vaporeux de la reine des ombres Monte et blanchit déjà les bords de l'horizon. [Lamartine, Méditations poétiques]

    Le soleil monte tous les jours, se dit lorsque le soleil s'approche tous les jours de plus en plus de notre zénith.

  • 15Ce mur monte trop haut, il a trop d'élévation.

    Ce mur, ce collet d'habit, cette robe, etc. montent trop haut, ils ont trop de hauteur.

    On dit dans le sens contraire : ce mur, ce collet, etc. ne montent pas assez haut.

  • 16 Fig. Passer à un poste, à un degré au-dessus de celui qu'on occupait. Il était sergent, il est monté à la sous-lieutenance. Il était lieutenant et il est monté au grade de capitaine. Cet officier a monté en grade. Cet écolier était en troisième, il est monté en seconde. Dedans Saint-Innocent il se fit secrétaire ; Après, montant d'état, il fut clerc d'un notaire. [Corneille, l'Illus. com. I, 3] Il [M. Hunauld] était monté à la place d'associé dans le mois d'août 1741. [Mairan, Éloges, Hunauld.] C'est de cette manière laborieuse et tardive que M. Petit vint à bout d'apprendre assez de latin et de belles-lettres pour pouvoir monter en philosophie. [Mairan, Éloges, Petit.]
  • 17 Fig. Obtenir quelque chose d'élevé. Que trouvez-vous, madame, ou d'amer ou de rude à voir qu'un tel bonheur n'ait plus d'incertitude ; Et, quand dans quatre jours vous devez y monter, Quel importun chagrin pouvez-vous écouter ? [Corneille, Tite et Bérénice] Le fidèle.... Fuyant des vanités la dangereuse amorce, Aux honneurs appelé, n'y montait que par force. [Boileau, Le lutrin] C'est encore beaucoup tirer de notre ami, si, ayant monté à une grande faveur, il est encore un homme de notre connaissance. [La Bruyère, VIII] La lumière a quelque chose de si divin qu'on serait tenté d'en faire un degré pour monter à des substances encore plus pures. [Voltaire, Dictionnaire philosophique] Mais, pour monter à lui [dieu], notre esprit abattu Doit emprunter d'en haut sa force et sa vertu. [Lamartine, Méditations poétiques] Oui, mon âme se plaît à secouer ses chaînes : Déposant le fardeau des misères humaines, Laissant errer mes sens dans ce monde des corps, Au monde des esprits je monte sans efforts. [Lamartine, ib. I, 28]

    Monter au faîte des honneurs, parvenir aux plus grandes dignités.

    Absolument. Quiconque est ébloui de ce degré éminent où la naissance et la fortune l'ont placé, c'est dire qu'il n'était pas fait pour monter si haut. [Massillon, Petit carême] Avec nos passions formant sa vaste trame, Celui-là fonde un trône, et monte pour tomber. [Lamartine, Méditations poétiques] La dernière campagne A fait monter bien haut le roi François premier. [Hugo, Hernani, ou l'Honneur castillan]

  • 18Monter se dit des substances capiteuses qui font impression sur le cerveau. Le vin pur monte à la tête. [Molière, L'avare] Le péril est comme le vin, il monte à la tête. [Staël, Corinne, ou l'Italie]

    On dit de même : le feu, le sang, la rougeur me montent au visage. Ces mots ont fait monter la rougeur sur son front. [Racine, Athalie]

    Par extension. Il se dit des passions en un sens analogue. Ce fut alors, dame ! ne vous déplaise, Que, le courroux lui montant au cerveau, Il s'en allait, enfonçant son chapeau, Mettre l'alarme en tout le voisinage. [La Fontaine, Rémois.] Certes je ne sais pas quelle chaleur vous monte ; Mais à convoiter, moi, je ne suis pas si prompte. [Molière, Tartuffe, ou l'imposteur] Un établissement si manifeste du fanatisme où l'on veut que chacun juge de sa foi par son goût, c'est-à-dire qu'il prenne pour inspiration toutes les pensées qui lui montent dans le coeur, en un mot qu'il appelle Dieu tout ce qu'il songe. [Bossuet, 3e avert. § 26] La jalousie lui monte d'abord à la tête comme une vapeur maligne. [Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont]

  • 19Il se dit de choses morales ou abstraites que l'on suppose prendre leur essor vers le ciel. Ses péchés sont montés jusqu'au ciel, et Dieu s'est ressouvenu de ses iniquités. [Sacy, Bible, Saint Jean, Apocal. XVIII, 5] Et le cri de son peuple est monté jusqu'à lui. [Racine, Esther] Puissent jusques au ciel vos soupirs innocents Monter comme l'odeur d'un agréable encens ! [Racine, ib. I, 2] Quelle fut la première voix que votre coeur fit monter vers le Seigneur ? [Massillon, Carême, Prière 2] Que leurs voeux jusqu'à toi montent avec les miens ! [Voltaire, Œdipe] Montez donc vers le ciel, montez, encens qu'il aime, Soupirs, gémissements, larmes, sanglots, blasphème.... Montez, allez frapper les voûtes insensibles Du palais des destins. [Lamartine, Méditations poétiques]
  • 20 Fig. Atteindre un degré élevé, au sens moral, avec un nom de chose pour sujet. Le luxe monte tous les jours. Il verra, le perfide, à quel comble d'horreur De mes ressentiments peut monter la fureur. [Corneille, Médée] Ne vous offensez pas d'ouïr parler en maître, Grande reine ; ce n'est que pour punir un traître, Criminel envers vous d'avoir trop écouté L'insolence où montait sa noire lâcheté. [Corneille, Sertorius] Vois leur constance au milieu de leurs gênes, Monter plus haut, plus on les fait languir. [Corneille, L'imitation de Jésus-Christ] Le perfide ! à quel point son insolence monte ! [Racine, Thèb. I, 6]
  • 21 Terme de musique. Aller du grave à l'aigu, par intervalles conjoints ou disjoints. Ce chanteur monte jusqu'à l'ut. Leur voix [des grands pluviers], qui s'entend de très loin, est un son plaintif semblable à celui d'une flûte tierce et prolongé sur trois ou quatre tons en montant du grave à l'aigu. [Buffon, Oiseaux] Monter par quintes ou ajouter un dièse. [Grétry, Méth. pour prélud. p. 91, dans POUGENS]
  • 22 Fig. Hausser de prix, croître en valeur. Le blé a monté jusqu'à trente francs l'hectolitre. La rente monte, toutes les valeurs ont monté. Quand le prix du blé montera progressivement, disait Necker, sans doute il réglera le prix de l'industrie et de tous les salaires. [Marmontel, Mémoires d'un père pour servir à l'instruction de ses enfants]
  • 23Monter, faire un total. À ce Turnus dont le bien monte à dix mille écus, à bon compte. [Scarron, Virgile travesti] Les préparatifs de cette guerre durèrent trois ans ; l'armée de terre ne montait pas à moins de trois cent mille hommes. [Rollin, Histoire ancienne] Mille familles peut-être sont à l'aumône par cette banqueroute, qu'on fait monter à près de 40 millions. [D'alembert, Lett. au roi de Pr. 13 déc. 1782] On fait monter à deux cent mille le nombre des sauvages encore errants dans le Brésil. [Raynal, Histoire philosophique et politiques des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes]

    Dans la supputation d'un compte : le tout montant à tant. Toutes les sommes montant à celle de tant.

    Ce mémoire monte bien haut, il en coûtera beaucoup pour l'acquitter.

    Cette dépense n'a pas monté bien haut, elle a peu coûté.

  • 24 vt Parcourir en s'élevant, en passant d'un lieu bas à un lieu haut. Monter une côte. Montez, le fer en main, les rochers du Tymole. [Rotrou, Antigone] De l'auguste chapelle ils montent les degrés. [Boileau, Le lutrin]

    Monter, remonter un fleuve, une rivière, se rapprocher de leur source.

  • 25Porter, transporter quelque chose en haut, l'y élever. Monter le blé au grenier. On monte les gros fardeaux avec des grues.

    Fig. ...Après un tel bonheur, Deux ans les ont montés au haut degré d'honneur. [Corneille, l'Illus. com. IV, 10] Est-ce là cette gloire et ce haut rang d'honneur Où le devait monter l'excès de son bonheur ? [Corneille, ib. V, 5]

    Fixer à un point plus élevé. Il faut monter un peu ce cadre.

    Ce jupon, ce pantalon ne sont pas assez montés, ils ne sont pas attachés assez haut.

  • 26Monter un cheval, être monté sur un cheval. Bucéphale ne souffrait point qu'aucun qu'Alexandre le montât ; et, quand il le sentait approcher, il se mettait à genoux. [Vaugelas, Q. C. VI, 5] Elle monte un cheval écumant. [Fénelon, Télémaque]

    Fig. Les Français, abattus, bistournés par Napoléon, se laissent ferrer et monter à tous venants. [Courier, Lettres de France et d'Italie]

    Monter un cheval à nu, le monter sans selle, sans éperon et sans couverture. On dit aussi monter à poil ou à cru.

    Monter un cheval, s'en servir habituellement et aussi l'instruire, le dresser.

    Monter entre les piliers, se dit de l'élève qui monte le sauteur.

    Monter par haut, se dit de la manière de faire travailler les sauteurs, qui, s'élevant plus haut que terre à terre, manient à courbettes, à croupades, etc.

  • 27Synonyme de saillir ; se dit surtout de l'accouplement du cheval et de la jument. De vieux chevaux qui n'avaient plus la force de monter la jument sans l'aide du palefrenier. [Buffon, Quadrupèdes]
  • 28Monter un navire, y être embarqué. Avec moins de cent hommes qui restaient de deux mille sept cents dont la flotte était montée. [Voltaire, Précis du siècle de Louis XV]

    Particulièrement, monter un vaisseau, le commander.Monter la garde, faire la garde en quelque endroit.

    Monter sa garde, passer au poste le temps voulu par le service.

    Fig. Monter la garde autour de, surveiller activement.

    Monter la tranchée, faire la garde dans la tranchée. Il a monté la tranchée, il rend compte du siége à son oncle comme un vieil officier. [Sévigné, 469]

  • 30Monter un cavalier, lui fournir un cheval et l'équipement.

    Par extension et par similitude avec la fourniture qu'on fait d'un cheval, fournir un établissement ou une personne de tout ce qui lui est nécessaire. Monter une imprimerie de ses presses. Monter une personne en linge. La manière dont son ménage était monté était précisément celle que j'aurais choisie. [Rousseau, Les confessions] Il faut que je songe à monter ma maison. [Picard, Ricochets, I, 21]

  • 31Monter une horloge, une montre, un réveille-matin, un tournebroche, etc. en rehausser les contre-poids ; ce qui a été cause qu'on s'est servi du mot monter, par extension, pour dire : bander les ressorts sans plus songer à l'ancien mécanisme qui consistait à hausser les poids. Une montre lorsqu'elle est montée. [Descartes, Pass. I, 6]

    Fig. On disait d'elle que son mari la montait à la cour tous les matins comme une horloge. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]

  • 32Disposer les pièces d'une machine, d'un appareil de manière qu'ils puissent fonctionner, servir. Un miroir de douze pieds de largeur sur six pieds de hauteur ne laisse pas d'être une grosse machine embarrassante et difficile à mouvoir, à monter et à maintenir. [Buffon, Hist. min. Introd. part. Expos. Oeuv. t. VII, p. 223] L'ouvrier qui monte la machine et la fait marcher. [Rousseau, Du contrat social, ou Principes du droit politique]

    Fig. Monter une cabale, préparer une cabale. Monter un coup, une affaire.

    Fig. et familièrement. Monter une garde à quelqu'un, lui faire une vive réprimande ; locution qui paraît se rattacher à garde d'épée (voir GARDE 1, n° 14)

    On dit dans le même sens populairement : monter une gamme à quelqu'un ; mais cela n'est pas bon : c'est chanter une gamme qu'il faut, voir GAMME.

    Populairement, monter une scie, organiser contre quelqu'un un ennui que chacun répète.

    Monter une partie, prendre des dispositions pour une partie, faire des invitations.

    Monter un métier, accommoder et tendre sur le métier l'étoffe, la toile, le canevas, la chaîne, le fil, etc. pour travailler.

    Monter un diamant, le mettre en oeuvre.

    Monter une estampe, la mettre sous verre, dans un cadre.

    Monter un bouquet, disposer les fleurs d'une manière régulière et agréable à l'oeil.

    Monter un bonnet de femme, en disposer les parties, les ornements. Puisque je monte vos bonnets, vous pouvez bien faire mes robes. [Comte de Caylus, (GROSLEY), Hist. de M. Guillaume, Oeuv. t. X, p. 21, dans POUGENS.]

    On dit de même : monter un habit, une chemise.

    Monter une perruque, coudre les mèches de cheveux par rangées symétriques.

    Monter une pièce d'étain, la battre sur l'enclume nue, en faisant tourner à mesure la pièce sur elle-même.

    Monter un squelette, attacher l'un avec l'autre les différents os dans l'ordre et la position naturelle.

    Monter un ouvrage d'orfévrerie, de serrurerie, de menuiserie, etc. en assembler les pièces les unes avec les autres. Monter des pendants d'oreille. Monter un buffet. Monter une balustrade. Monter une charpente. Monter un lit. Ce collier [de porcelaine] était monté sur un fil de la racine du tremble. [Chateaubriand, Les Natchez]

    Terme d'imprimerie. Monter une casse, la dresser sur le rang.

    Terme militaire. Monter le bivac, arranger un bivac pour passer la nuit.

    Monter une batterie, mettre tous les canons d'une batterie sur leurs affûts, et les ranger de manière à pouvoir s'en servir.

    Terme de jeux. Monter une impériale, réunir les points nécessaires pour former et marquer une impériale.

  • 33Mettre en place, quand il s'agit des pièces d'un navire. Monter le gouvernail, les pompes, etc. Lorsque toutes les pièces de ce vaisseau [un certain modèle] seront entièrement achevées, il faudra que vous le fassiez monter deux, trois ou quatre fois en votre présence, et que vous ne vous étonniez pas si, dans les premières fois, les charpentiers sont longtemps, parce que, dans l'usage, ils s'apprendront à le monter dans le temps nécessaire, Colbert à Arnoul, 1678, dans JAL.

    Terme de pêche. Monter un filet, le garnir de cordes, de flottes, de plombées, le mettre en état de servir.

  • 34Monter un théâtre, le dresser pour qu'on puisse y jouer. Pour tromper leur douleur mortelle, Soudain un théâtre est monté. [Béranger, Nègres.]

    Monter une pièce, faire les répétitions et les préparatifs nécessaires pour la mise en scène et la représentation. Nous vous attendons pour la répétition : don Japhet d'Arménie, que nous montons avec tous ses agréments. [Picard, Le vieux comédien]

  • 35Monter un violon, une harpe, une guitare, un piano, y mettre de nouvelles cordes au ton qu'elles doivent avoir.

    Ce violon est bien, est mal monté, les cordes en sont bonnes, en sont mauvaises.

    Poétiquement et fig. Monter sa lyre, se disposer à faire des vers. L'amour en sa faveur avait monté ma lyre. [Voltaire, Poèmes et épîtres]

    Monter un instrument de musique, en hausser le ton. Monter un instrument au ton d'un autre.

    On dit dans le même sens : monter une corde de violon, de harpe, etc.

    Fig. Montez votre génie au ton que demande votre sujet, Mercure, 1717, dans DESFONTAINES. À monter aisément ma lyre sur ce ton. [Piron, La métromanie, ou Le poète]

  • 36Accroître, élever. Monter son train et sa dépense.
  • 37 Terme de peinture. Monter sa couleur, rendre la couleur de son tableau plus vigoureuse qu'on n'avait fait d'abord.
  • 38 Fig. et familièrement. Monter la tête à quelqu'un, ou, simplement, le monter, lui inspirer quelque idée qui s'empare de lui jusqu'à l'exalter. Je trompai ma mère qui ne découvrit que sur le point de l'exécution que j'avais monté mon père à ne se laisser point entamer. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon] Un voyageur qui s'est bien monté la tête, doit être un peu confondu, quand il trouve, en arrivant dans la rue des Trépieds, les tracasseries de son village. [Chateaubriand, Itinéraires de Paris à Jérusalem]

    Il faut bien distinguer, monter la tête qui signifie exciter, inspirer, et monter à la tête qui se dit d'une liqueur capiteuse ou d'une passion qui enivre.

  • 39Se monter, vpron Être gravi. La côte se monta péniblement.
  • 40Recevoir un cavalier, en parlant du cheval ou autre bête de somme. Ce cheval se monte difficilement.
  • 41Se monter, se procurer un cheval. Et qu'au contraire, encore qu'il connût son dessein [d'assassiner le duc de Guise], il [Coligny] lui donna [à Poltrot] vingt écus à une fois, et cent écus à une autre pour se bien monter. [Bossuet, Histoire des variations des Églises protestantes]

    Par extension. Se monter en, se fournir de. Se monter en argenterie, en meubles, en linge.

  • 42Il se dit des pièces d'un appareil qu'on dispose. Cette machine se montera quand on voudra.

    Fig. Se modeler, se régler. Rebours s'était sûrement monté sur le marquis de Mascarille ; il l'outrait encore. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon] Je me monte aisément à un train de vie quand il est volontaire. [Rousseau, Les confessions]

  • 43 Fig. S'élever, se hausser. Il s'est monté à un ton qu'il ne soutiendra pas. Les hommes se montent naturellement au niveau de leurs espérances. [Mirabeau, Collection complète des travaux de M. Mirabeau l'aîné]

    Absolument. S'exciter, prendre des sentiments de colère, d'opiniâtreté, etc. Quand son imagination se monte. Mais cet autre à la fin se monte de parole. [Régnier, Satires] Quand la tête se monte, l'imagination la mieux réglée devient folle comme un rêve. [Beaumarchais, Le mariage de Figaro, ou La folle journée] L'esprit de l'armée se monte à tel point que... Corresp. du gén. Klinglin, I, 182]

  • 44Il se dit aussi des choses qui croissent, s'augmentent. Vos frères sont vainqueurs quand nous sommes trahis ; Et, voyant le haut point où leur gloire se monte, Vous regardez fort peu ce qui nous vient de honte. [Corneille, Horace] À moi ? mes vanités jusque-là ne se montent. [Corneille, la Suiv. III, 6]
  • 45Former un certain total. Son armée se montait à vingt mille hommes. Mon bien se monte à tant : tenez, voilà le vôtre. [Boileau, Satires] ....à quoi vont les revenus du comte ? - Je ne saurais vous dire à quoi cela se monte. [Destouches, Le glorieux] Les rentes sur l'hôtel de ville ne se montaient qu'à près d'onze millions. [Voltaire, Le siècle de Louis XIV]

    PROVERBE

    Qui monte la mule, la ferre.

REMARQUE

1. Monter se conjugue avec l'auxiliaire être, quand il marque l'état : il est monté dans sa chambre depuis une heure ; avec l'auxiliaire avoir, quand il exprime l'acte : il a monté quatre fois à sa chambre dans la journée. La rivière a monté de 10 centimètres depuis hier.

2. Monter à un arbre, monter sur un arbre. On monte à un arbre pour dénicher des oiseaux. On monte sur un arbre pour se placer parmi les branches, à dessein soit de cueillir des fruits, soit de se cacher, soit de mieux voir.

3. On monte en chaire pour prêcher ; on monte dans une chaire pour l'examiner. On monte en voiture pour partir ; on monte dans une voiture pour y examiner quelque chose.

+

MONTER.
22Ajoutez :

Terme de turf. Un cheval monte, quand, perdant quelqu'une de ses qualités, la proportion dans laquelle on pariait contre lui augmente. Si un cheval valait 7 contre 1, et qu'on le cote 8 ou 9 contre 1, il monte en même temps que sa valeur baisse.

REMARQUE

Ajoutez :

4. Il avait froid ; il a monté se chauffer chez son directeur ; manière populaire de parler.

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