Il savait par coeur tous ces petits propos de toilette, tous ces jolis mots qui ne disent rien |
Cont. mor. Bonne mère. |
toilette |
Les Italiens avaient peu de mots dont la finale se soutînt, et ils en avaient un nombre infini dont la finale était brève et tombante |
Oeuv. t. VIII, p. 456 |
tombant, ante |
Si ma détention à la Bastille avait duré huit jours encore, elle aurait été mon tombeau |
Mém. VI |
tombeau |
Bélise ne répondit point ; elle était tombée dans une rêverie profonde et dans un sérieux glacé |
Contes mor. Scrup. |
tomber |
Dans le langage, on appelle ton le caractère de noblesse, de familiarité, de popularité, le degré d'élévation ou d'abaissement qu'on peut donner à l'élocution, depuis le bas jusqu'au sublime |
Oeuv. t. X, p. 253 |
ton [2] |
Ton se dit aussi des autres caractères que l'expression reçoit de la pensée, de l'image, du sentiment : le ton triste de l'élégie, le ton galant du madrigal, le ton léger de la plaisanterie, le ton pathétique, le ton sérieux |
Oeuv. t. X, p. 254 |
ton [2] |
Les moeurs, le goût et les usages du grand monde ont passé dans la bourgeoisie, il n'y a presque plus que deux tons, et il n'est plus permis à celui du peuple de dominer même dans la comédie |
ib. t. VIII, p. 378 |
ton [2] |
Le bon ton, dans ce qui s'appelle la bonne compagnie, est un système de convenances qu'elle s'est fait à elle-même et qui lui est particulier ; il interdit en général une familiarité déplacée, et par conséquent tous les mots, tous les tours de phrase qui supposent, dans celui qui parle, la négligence des égards qu'il doit à la société |
Oeuv. t. X, p. 256 |
ton [2] |
Le bon ton n'est autre chose que le bon goût mis en pratique |
ib. p. 255 |
ton [2] |
Dès lors tous les acteurs furent forcés de se vêtir sur ce modèle : plus de paniers pour les dames grecques et romaines, plus de chapeaux à grands panaches pour Mithridate et pour Auguste, plus de tonnelets aux cuirasses, plus de manchettes, plus de gants à frange, plus de perruques volumineuses pour les héros de l'antiquité |
Oeuv. t. VI, p. 351 |
tonnelet [2] |
Ce ne sont pas les mots, mais la chose et la totalité du sentiment et de la pensée, que l'action doit exprimer |
Oeuv. t. VI, p. 285 |
totalité |
C'est à la vérité de l'expression, à la force des touches, au choix des situations et des oppositions que le critique doit s'attacher |
Oeuv. t. VI, p. 256 |
touche |
La plupart des grandes pensées prennent le tour de l'antithèse, soit pour marquer plus vivement les rapports de différence et d'opinion, soit pour rapprocher les extrêmes |
Oeuv. t. v, p. 237 |
tour [2] |
Vous concevez qu'après avoir vu périr toute ma famille du mal de poitrine, j'avais quelque raison de croire que c'était mon tour |
Mém. VIII |
tour [2] |
Boileau a tourmenté cet endroit de son poëme [le Lutrin] ; il avait mis d'abord un horloger à la place du perruquier ; il trouva que le personnage n'était pas assez comique, il changea et ne fit pas mieux |
Oeuv. t. IX, p. 175 |
tourmenter |
Je vis la tournure et le ton que prenait la plaisanterie |
Mém. VII |
tournure |
Timidité touchante dans un homme dont le regard était tout esprit et tout âme |
Mém. VI |
tout, toute |
À mesure que, dans un ouvrage, le caractère de la pensée tient plus à l'expression, la traduction devient plus épineuse |
Oeuv. t. x, p. 270 |
traduction |
Ils [les modernes] ont fait le la tragédie non pas le tableau des calamités de l'homme esclave de la destinée, mais le tableau des malheurs et des crimes de l'homme esclave de ses passions ; dès lors le ressort de l'action tragique a été dans le coeur de l'homme, et tel est le nouveau système dont Corneille est le créateur |
Oeuv. t. x, p. 291 |
tragédie |
Oedipe, les yeux crevés et encore sanglants, était souffert sur un théâtre immense ; sur nos petits théâtres il eût révolté ; le tragique, en s'affaiblissant, a observé les lois de la perspective |
Oeuvres, t. v, p. 37 |
tragique |
Il [Piccini] écrivait son chant d'un trait de plume |
Mém. IX |
trait [1] |
On est disposé naturellement à chercher et à croire démêler dans les traits d'un homme ce que l'on sait qu'il a dans le coeur |
Cont. mor. Bonne mère. |
trait [1] |
Un traiteur, qui pour mes dix-huit sous me donnait un assez bon dîner ; j'en réservais une partie pour mon souper, et j'étais bien nourri |
Mém. III |
traiteur |
J'ai eu lieu d'admirer plus d'une fois comment se noue et se dénoue la trame de nos destinées, et de combien de fils déliés et fragiles le tissu en est composé |
Mém. II |
trame |
Juges superficiels et tranchants |
Oeuv. t. v, p. 146 |
tranchant, ante [2] |
Quand l'affection est mutuelle à un même degré, c'est l'union la plus étroite, c'est le plus parfait accord qui puisse régner entre deux êtres sensibles ; c'est enfin, s'il est permis de le dire, la transfusion et la coexistence de deux âmes |
Oeuv. t. XVI, p. 448 |
transfusion |
S'il s'éloigne trop de l'original, il ne traduit plus, il imite ; s'il le copie trop servilement, il fait une version et n'est que translateur ; n'y aurait-il pas un milieu à prendre ? |
Oeuv. t. x, p. 268 |
translateur |
La raison et la vérité se transmettent, l'industrie peut s'imiter ; mais le génie ne s'imite point |
Oeuv. t. v, p. 220 |
transmettre |
La beauté de cette allégorie est d'être simple et transparente |
Oeuv. t. VII, p. 377 |
transparent, ente |
On chercherait vainement, dans la prose si travaillée d'Ablancourt, la force et la vigueur du style de Tacite |
Oeuv. t. x, p. 269 |
travaillé, ée |
Nous sortîmes en frémissant, et nous sentîmes les rochers auxquels la digue est appuyée trembler à cent pas de distance |
Mém. VII |
trembler |
Ce fut alors que commencèrent les tribulations d'auteur |
Mém. III |
tribulation |
L'éloquence n'a plus de tribune ; mais la chaire en est une encore pour cette morale sublime que rend plus pure et plus touchante la sainteté de ses motifs |
Oeuv. t. x, p. 105 |
tribune |
Elle avait un appartement dans un couvent de religieuses et une tribune à l'église des Capucins, mais avec autant de mystère que les femmes galantes de ce temps-là avaient de petites maisons |
Mém. VI |
tribune |
Le couplet ne peut guère avoir de plus jolie forme que celle du triolet |
Oeuv. t. v, p. 292 |
triolet [1] |
Les talents vulgaires se persuadent que la fiction par excellence consiste à employer dans la composition les divinités de la Fable, et que hors de la mythologie il n'y a point d'invention ; sur ce principe, ils couvrent leurs toiles de cuisses de nymphes et d'épaules de tritons |
Oeuv. t. VII, p. 434 |
triton [1] |
Si Marc-Antoine le triumvir n'eût pas connu les grands moyens de l'éloquence pathétique [haranguant le peuple après le meurtre de César], César n'eût pas été vengé |
Oeuvres, t. IX, p. 204 |
triumvir |
Le trivial a beau être touchant : je ne vais point au spectacle, a dit un homme de sens et de goût, pour n'y voir et pour n'y entendre que ce que je vois et ce que j'entends en me mettant à ma fenêtre |
Oeuv. t. VII, p. 41 |
trivial, ale |
L'abbé de Bernis et Duclos allaient la voir ensemble tous les dimanches ; et, comme ils avaient l'un et l'autre quelque amitié pour moi, j'allais en troisième avec eux |
Mém. IV |
troisième |
On croit tromper les autres, mais on ne se trompe jamais soi-même |
Oeuv. t. VI, p. 168 |
tromper |